SOUNDGARDEN – Black Hole Sun
Avec « Black Hole Sun », sur Superunknown (1994), Soundgarden affole les ondes et les Charts. Pourtant, malgré une certaine noirceur, ce titre n’est pas vraiment représentatif du « Dark Hard Rock » pratiqué habituellement par le groupe. La noirceur étant le moindre de leur quotidien, ils préfèrent d’ordinaire errer dans les gouffres abyssaux. Le désespoir empoisse la quasi-totalité des morceaux de Superunknown, comme un sceau … ou l’histoire d’une vie : « Fell On Black Days », « The Day I try To Live », « Like Suicide » … celle de Chris Cornell.
Nonobstant, les paroles de « Black Hole Sun » sont assez représentatives des obscures introversions du chanteur. Ce qui s’éclaircit, c’est la musique. Moins lugubre qu’à l’habitude, c’est peut-être elle qui porte la chanson à sortir du trou noir où les musiciens l’ont pensée.
SOUNDGARDEN – Black Hole Sun (studio)
Live, l’interprétation reste assez fidèle à la version studio. Le passage qui évolue, se transforme, modifie la donne, relève de Kim Thayil. Pendant son solo, l’ambiance tourne au délire lysergique et psychédélique. Les musiciens traversent alors le rideau de pluie versé par les notes sans pour autant lâcher la moindre essence de joyeuseté. Le quatuor, vêtu de noir, repoussent l’expression « être tout sourire » aux oubliettes. Cornell ouvre son âme et Le Sombre envahit l’espace.
Constatation : le grunge élève une stèle au roi Suicide : Kurt Cobain chez Nirvana, Layne Staley d’Alice In Chains (héroïne, c’est tout comme…), la série ayant été inaugurée par l’overdose / hémorragie Cérébrale d’Andrew Wood, le chanteur de Mother Love Bone, peut-être le premier de tous ces groupes désespérés.
SOUNDGARDEN – Black Hole Sun (live 2013)
Au-delà du grunge et de sa légende, Soundgarden était un formidable groupe Sabbathien. Après la disparition de son chanteur, contrairement à beaucoup d’autre, le trio restant jette le gant. Lorsqu’on perd l’esprit, ne reste que l’errance. Alors, plutôt que bégayer les mots d’un fantôme …
Thierry Dauge