L’Adolescence Complexe
Entre Vérité Et Mensonge
Un nouveau livre de Delphine Bertholon est toujours l’assurance de le déguster comme un bonbon acidulé. Celui-ci ne fait pas exception à la règle. Depuis près de quinze ans qu’elle sévit en tant qu’auteure (eh non, ce n’est pas son vrai job, trop difficile d’en vivre mais enfonçons une porte ouverte, surtout en ces temps moroses, pour ne pas dire pire), elle s’est appliquée à décrire une certaine condition de l’adolescence à travers notamment ce qu’on peut nommer comme un tryptique : Twist (2008) et Grâce (2012) ont précédé avec succès. Dalhia devrait devenir un aboutissement. Celui qui conduit de l’adolescence à l’âge adulte.
Téléphone – Ordinaire / La Bombe Humaine
L’année de passé son brevet, Lettie (la véritable héroïne du roman), jeune fille un peu en marge mais sans l’avouer, rencontre Dalhia (qui sert de fil conducteur). Les deux collégiennes se rapprochent rapidement jusqu’à ouvrir à l’amitié indéfectible. C’est alors qu’éclate la bombe. Dalhia lui avoue : « mon père abuse de moi, mais tu ne dis rien, surtout, c’est le lien, entre nous ». Lettie lâche pourtant le morceau à sa mère. Dès lors une affreuse machine juridique et psychologique se déclenche au détriment des deux amies.
Ce n’est pas si simple que cette affirmation. Elles vont le tester différemment et loin l’une de l’autre.
Prince – Purple Rain
A la lecture de ce livre, il revient à la mémoire cette scène formidable du film de Henri-Georges Clouzot, Le Corbeau (1943), où deux médecins s’affrontent (joués remarquablement par Pierre Fresnay et Pierre Larquey) face à une lampe qui oscille de droite à gauche par le supposé coupable qui affirme : « Où est la vérité et le mensonge ? Par-là ou par-là ? »
Dès lors personne ne sait où se situer.
Voilà bien le tour de force de ce roman que Delphine (d)écrit à merveille. Tour à tour, elle balance des certitudes et des contradictions. Si ce n’est pas forcément (quoique…) son roman le plus abouti avec toutes les pincettes prises tellement il nous embarque, il demeure, dans sa démarche, capital des exactions humaines.
Delphine Bertholon – Dahlia
Flammarion – 232 pages – 21€
Patrick Bénard
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