Punk et Mélodies
L’année de la Transformation
Dans la petite série ultra-intéressante de la collection Densité chez Discogonie, Les Stranglers apparaissent. Mais là, surprise! Il ne s’agit pas de décortiquer l’un des albums les plus connus de leur répertoire mais de s’attaquer à l’œuvre la moins réputée et la plus délaissée du groupe. Anthony Boile arbore de front l’album Black And White en démontrant qu’il s’agit bien du disque qui est à la charnière que va prendre les Étrangleurs à savoir de passer de groupe punk futile mais intelligent au groupe intelligent et rusé.
The Stranglers – No More Heroes (Live, 1977)
Il ne faut pas s’y tromper, Les membres de The Stranglers ont dix ans de plus que les autres groupes quand éclate, en 1976, la déferlante punk. De fait, ils ont un vécu que les autres n’ont pas et ne se font pas marcher dessus par les maisons de disques même s’ils aiment la castagne en concert. En revanche, ils n’hésitent pas à enregistrer un hymne au même titre que « God Save The Queen » des Sex Pistols ou « If The Kids Are United » de Sham 69. Ca s’appelle « No More Heroes » et tout se résume dans le titre.
The Stranglers – Nice’N’Sleazy (Live)
Black And White sort en 1978 et constitue le troisième opus. Il semble naviguer à vue, sans trop savoir si la terre est loin ou non. C’est ainsi que le voit l’auteur et à l’écoute, il a tout-à-fait raison. Entre « Tank » qui débute l’ouvrage comme un char d’assaut arrosé de synthés et « Nice’N’Sleazy » qui suit plutôt en mode reggae speed (ce titre a-t-il contribué à ce que The Clash s’engouffre dans cette voie ?), il y a un monde. Il en va ainsi sur les autres morceaux. Poutant, l’ensemble se tient, cahin caha.
The Stranglers – Walk On By
L’accueil critique et public sera d’ailleurs mitigé mais ils ont la bonne idée de joindre un EP trois titres dont un monument : « Walk On By » (reprise d’un succès de Dionne Warwick) avec carrément des solis de guitare et de synthés. En esquissant un rapprochement subtile, n’y a-t-il pas là les prémices du merveilleux « V2 Sur Mes Souvenirs » de Taxi Girl. D’autant plus lorsqu’on sait que la base rythmique des Stranglers (Jean-Jacques Burnel à la basse, Jet Black à la batterie) ont collaboré à ce titre ? A étudier.
Taxi Girl – V2 Sur mes Souvenirs (Live, 1981) juste pour le fun et la comparaison
Anthony Boile s’en sort très bien et en vient à la conclusion convaincante que Black And White forme l’aiguillage qui permettra au groupe d’aboutir au mémorable The Raven.
Anthony Boile – The Stranglers – Black and White
Densité / Discogonie – 142 pages – 11,50 €
Patrick Bénard