INRED – « Brute Art »

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2019
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INRED : « Brute Art » – second Lp

Inred

Le deuxième Lp de Inred, groupe français de rock « élégant », est sorti le 7 février. Il répond strictement aux exigences de son titre : « Brute Art ». Déjà, « CD » en main, l’évidence saute aux yeux. Il est fixé sur une tranche de ce qui semble être du carton noir. En fait, à n’en pas douter, il pourrait bien s’agir d’une fine lamelle découpée dans le socle du « mobile » présent sur la pochette de « Presence » (1976), le septième album de Led Zeppelin ; pas pour le son, pour l’esprit.

Un poster, sérigraphie aux formes géométriques de couleurs or, rouge et noir, lui est adossé. Le tout gésit dans un sachet en plastique à la transparence fum’argentée. Un sticker circulaire noir portant mentions : BRUTE ART – INRED – IR02, identifie l’œuvre par son auteur et son patronyme. Même si manipuler ce contenant au volant d’une voiture relève de l’exploit, un seul commentaire : « Brute Art » ? La Classe !

Inred

Incontournable, la guitare occupe l’espace. Son omniprésence, qu’elle soit claire ou saturée, cartographie les chansons parallèlement à la voix. La voix, quant à elle, évoque Ian Dury en conversation avec ses Blockheads, Jarvis Cocker revisitant Pulp, une harangue d’Alex Harvey à l’encontre du Sensationel « lui-même » Band, Mike Patto jazzifiant son groupe. Associés à une rythmique basse/batterie bondissante et à un synthé prétendument discret mais prégnant, le sujet se présente rock & heavy … mais pas que …

INRED – Walkabout

Certes, cette entrée en matière, premier titre de l’enregistrement, clone l’énergie d’une centrale thermique mais, huit titres plus loin, les avis sont moins tranchés. Ils laissent place à une pelote de laine musicale travaillée au fil par une horde de chats en colère. Pour l’amateur de rock ayant roulés ses tympans au fond de sillons diversifiés, certains enchaînements, des sons, des « tics », convoquent plusieurs influences.

Globalement, ces dernières s’inscrivent plutôt dans la mouvance post punk/new wave : Siouxsie and The Banshees, Public Image Limited ou The Cure. Nonobstant, par place, on relève un riff glam rock typiquement T Rex ou une ambiance free jazz née de vocalises guitaristiques. Et puis il y a ce qui relève du « Moi » musical de l’auteur/compositeur : Pat Griffiths.

La Di Da

De toute évidence, Inred expose la volonté de sortir des schémas mélodiques traditionnels. Même lorsque l’atmosphère gondole sous le miel de notes doucereuses, un instrument exprime son indépendance en sortant de la tonalité. Pour en revenir aux influences, la guitare adopte plusieurs fois la volubilité d’Olly Halsall, bretteur chez Patto (1970/1972), modelant des solos jazzy impromptus où la bienséance devrait cloner la mélodie. Déroutant lors des premières écoutes, cet imaginaire relève, en fait, du jubilatoire.

INRED – Omnivore

Si vous appréciez les contextes plus énergiques, du genre à secouer les chutes de reins, « Brute Art » sait faire aussi ! Certains titres mirent du côté punk/punk rock, adressant une rythmique pulsatile aux tirants des six cordes. A deux doigts de rompre, elles griffent leur table d’harmonie, lui extirpent des giclées de bruits salaces, une invite à pogoter. Se rouler dans la fange, sans froisser son costume, tout juste l’écorcher aux genoux, devient essentiel, l’assombrir aux aisselles pouvant s’autoriser.

Pink cloud island

Et parce qu’on ne peut continuellement faire feu de tous bois, un peu de soul aux épaules qui roulent sous un chandail en cachemire imprimé funky est toujours bienvenue, gage de sociabilité. « Brute Art » relie ainsi le psychisme au somatique, de ces vues de l’esprit exprimées en musiques qui forgent les conduites addictives. La première de celles-ci ? Ecouter le disque, évidemment !

INRED – Brute Art

Un bel objet gage de richesses musicales ? Inred – « Brute Art », le concept global.

Thierry Dauge

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