EXTREME – More than words : music !

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EXTREME – Technicité, classe & feeling

Extreme

En studio

Extreme ? Quel drôle de patronyme pour un groupe pratiquant un heavy rock fusionnel, une musique finement ourlée éprise de technicité. Paradoxe, où l’on s’attend à ouïr du death, voir du thrash metal, le combo dégaine une ballade : « More than words », grâce à laquelle il conquiert les Charts du monde entier. Guitare acoustique brodant des notes cristallines sur les entrelacs d’un chant harmonisé à deux voix : « Putasserie commerciale pour midinettes ! ». Ce serait nier le reste de « Pornograffitti » (1990), album à l’énergie « funkisante » d‘où le titre est extrait : un shaker à « popotins ».

EXTREME – Decadence dance

Technicité ? Virtuosité ! Nunno Bettencourt, le bretteur portugais, rivalise avec ses prédécesseurs pseudo lusitaniens : Carlos Santana, Carlos Alomar, Max Cavalera …, son jeu apparaissant comme la somme du leur. Au premier abord, on pense à Eddie Van Halen réarrangeant un flamenco, à un Jimi Hendrix sud américanisé. Et puis, très rapidement, les possibles influences s’estompent au profit de son propre façonnage, époustouflant tronçonnage de riffs gorgés de groove.

Suzi (Wants her all day what)

Pour subsister à ses côtés, il fallait qu’un chanteur présente, au minimum, un feeling à la hauteur du sien. Avec Gary Cherone, son double en orfèvrerie, la place est idéalement occupée. Il présente une voix micrométriquement placée pour lui faire écho associée à une prestance scénique irrésistible. Si son timbre pseudo voilé voyage dans les médiums celui de Bettencourt aborde une octave supérieure. Leurs deux voix tressées à celle de Pat Badger, bassiste du groupe, produisent des chœurs qui ne sont pas sans évoquer Queen. Avec ces talentueux musiciens aux commandes, dès le premier enregistrement éponyme (1989), les platines tournoient de plaisir.

EXTREME – Play with me

Ambitieux ? Comment ne pas l’être avec une telle puissance de feu !

Les garçons sortent alors un double vinyle qui déconcerte quelque peu leur following : « III sides to every story » (1992). Parfois, point trop n’en faut au risque de paraître prétentieux, fat ou « déplacé ». Et c’est ce qui arrive. Extreme devient la cible d’avanies injustifiées, perdant au passage les heavy metal kids qui les suivaient jusque-là. Problème : aucuns autres fans ne raccrochent leurs wagons à la richesse de cet Orient Express.

Color me blind

Extreme se voit alors comparé à Queen, parallèle qui leur vaut de subir un même ostracisme journalistique. Parce que « III sides to every story » aborde plusieurs genres musicaux, un melting pot de sons plus ou moins musclés qui font sa différence, et que la « différence » s’oppose à la dite « normalité » du microcosme rock. « Outrage ! ». En fin d’album, figure de surcroît une pseudo symphonie en trois parties, un essai musical inclassable de plus de vingt minutes ! « Quelle daube ! Se prennent pour Genesis ou quoi ?! ». Réponse des adeptes : « Un joyau à nul autre pareil ».

Rien ne vaut que de fonder son propre jugement.

EXTREME – Everything under the sun

La corde est tendue, prête à rompre, et Extreme met trois année à lui rendre une certaine tonicité … qui n’en est pas une, plutôt une sorte de retour au funk rock métallique caractérisant ses débuts : « Waiting for the punchline » (1995).

Les chansons ne contiennent aucun artifice. Le funk est mis au service du rock plus que le contraire, acéré, saignant, presque désabusé. L’album présente une concision et une compacité à l’épreuve des balles, une sorte de bouclier en acier trempé, un bunker où les musiciens se sont retranchés. L’originalité désarmante de l’enregistrement précédent ayant fait place à une succession de morceaux rugueux, adopter ce disque nécessite une bonne dose de pugnacité, des écoutes attentives et répétées. Il signe la fin d’un chapitre et la mise en suspend de l’aventure …

There is no god

L’album suivant ne sortira qu’en … 2008 ! « Saudades de rock », ne présente, hélas, rien qui n’ait été précédemment exposé par le groupe. Néanmoins, il lui donne l’occasion de « tourner », et s’il est un lieu où Extreme ne craint rien ni personne, c’est bien la scène. A grand coup de prestations flamboyantes, il y règne en maître.

En concert

Extreme

Voilà un groupe qui fait preuve d’une constance exemplaire dans sa capacité à présenter un spectacle. Au-delà des chansons, c’est bien de cela dont il s’agit : « mettre en action » sa musique. Car ni le temps ni les infimes changements de personnel n’ont de prise sur la qualité des contenus « vivants » délivrés par l’Extreme.

EXTREME – Get the funk out (live 2010)

De 1991 à 2014, quelle que soit la taille de la scène visitée, la gestuelle de Gary Cherone épouse toujours les mêmes arabesques, celles d’un danseur classique épris de tango, un ballet d’une grâce infinie. Nuno Bettencourt manie toujours sa guitare de manière époustouflante, décochant un millier de notes à la minute sans négliger aucuns feelings. La section rythmique basse/batterie suit « à la culotte » les mouvements initiés par le duo central, allant même jusqu’à anticiper leurs improvisations. Du grand art !

Warhead (live 1994)

Lorsqu’on n’a pas vécu un groupe en concert, et qu’on ne connait pas ou peu son répertoire, comment parvenir à en dessiner le contour musical ou en estimer les qualités live ? Peut-être peut-on se référer à la façon dont il reprend le répertoire d’une autre formation ?

Lors du Freddie Mercury Tribute, les membres d’Extreme osent présenter un medley des titres de Queen à la foule de fans énamourés. « Osent » ? S’il est un groupe qui pratique une musique « à part », c’est bien Queen. A l’exception des Tributes Bands, ces formations clonées à l’intérêt discutable, peux se sont frottés au répertoire de son Altesse. Et pour cause ! N’est pas Freddie Mercury qui veut.

Devant un public de « fans-à-tics », au-delà de l’interprétation de chansons mondialement connues, Extreme assimile leur essence, les traduit, les fait sienne : le talent à l’état brut. Dubitatif ? Puisse le groupe se produire live à votre proximité que vous en jugiez.

EXTREME – Medley de QUEEN (live Freddie Mercury Tribute)

Pour ma part … vous l’aurez deviné.

Thierry Dauge

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