BLANKASS – Un nouvel album en septembre
En studio
Blankass : pour un groupe de rock, si choisir le diminutif de « blanc cassis » comme patronyme n’est pas sans risque, oser de l’accordéon dans les chansons relève de la bravade ! Le pire, ou le mieux, c’est qu’il ne s’agit pas d’un apport ponctuel mais carrément d’utiliser touches et soufflets en tant qu’instrument de base ! Sont-ce les seuls à sortir « l’ancêtre » de la naphtaline ? Un peu d’histoire …
Blankass ouvre son bistrot au début des 90’s. Un peu avant, en 1981, Gérard Blanchard et son « Rock amadour » a déjà remis l’accordéon au goût du jour. Encore plus proche des ténors du piano à bretelles qu’étaient Yvette Horner, Aimable ou André Verchuren, License IV truste les hits parade de 1986 avec son « Viens boire un p’tit coup à la maison ».
Hors de ces formules « franchouillardes », les banlieusards de Pigalle et des Têtes Raides le pratique au cœur d’un rock folk associé à des chansons françaises dites « réalistes » depuis le début des 80’s. Blankass suit cette mouvance avec des guitares plus électriques. En 1996, le premier single: « La couleur des blés« , extrait de leur premier Lp met les choses au point en décrochant une timbale dans les charts.
BLANKASS – La couleur des blés
En France, pour ne pas fondre sous les projecteurs, pour savoir durer, un groupe de rock doit charmer la capitale. Il semblerait que ce ne soit pas le cas des frères Ledoux, membres fondateurs du groupe. Mais Paris n’est pas tout et le rock de « province » vit très bien de sa musique. Il n’est qu’à compter le nombre de concerts quotidiens arrosant le pays pour en être convaincu. C’est sous cet augure favorable que sort : « L’ère de rien » (1998), un concentré de chansons superbement écrites, composées et produites.
L’ère de rien
Les titres de l’album sont radicalement rock. Certes, les voix manquent un tantinet d’harmonie mais pas de force ni de tempérament. Hargneuses, elles servent des textes qui s’expriment à la première personne et tutoient l’auditeur : « Je pense, et toi, tu y crois ? ». Une guitare demi-caisse donne de la profondeur au son, creuse un lit de notes rondes et saturées jaillissant d’entre la percussion rythmique du couple basse/batterie capturé « live ». Au détour du sillon, on croise le Clash le temps d’une reprise : « Death or glory ». La mort ou la gloire ? « Et puis quoi, encore ! », interpelle Guillaume : « Nous sommes des hommes ».
BLANKASS – Pas des chiens
Malgré cette indéniable capacité à interroger le quotidien sur des musiques tant mélodiques que musclées, le succès médiatique s’en est allé … mais pas la volonté. Ainsi, 2019 voit Blankass revenir sur et sous les pavés avec un nouvel album dont la sortie est prévue en septembre. Dans la lignée de ce qu’ils ont fait précédemment, le premier single lâché en février se veut rock, pêchu et pédagogique, à moins qu’il ne fasse que constater. Dans un cas comme dans l’autre, il combat l’inamovibilité.
C’est quoi ton nom
Le « blanc » serait du « champ’ » et le cassis une liqueur, pas du sirop ? Kir royal pour blanc cassis ? Il faut voir, il faut « goutt’écouter ». Alors, éludons la question en nous « livant » ensemble.
En concert
Le 2 février 2006, à la Cigale, le groupe décolle gentiment, servant des versions trop sages de ses morceaux alors que ces derniers supporteraient sans rougir une poussée de testostérone. Outre une rencontre en salle, il est possible de croiser Blankass dans des raouts de fin d’année universitaire, notamment à la Fac de Pontoise (Val d’ Oise) en 1998.
Sensation identique, manque de muscle. Et puis, quid de la « vie en rock » ?! Ce soir-là, le groupe quitte les lieux sans bruit, laissant en offrande le « carburant » fourni à qui voudra la prendre ! Les musiciens d’Armens, groupe folk rock morbihannais associé à l’affiche, sauront en profiter et en faire profiter. Peut-être Blankass était-il pressé de retourner sur ses Terres ?
BLANKASS – La croisée (live)
Bonne ambiance, donc, mais plutôt « fourmi » que « cigale ». Nonobstant, certains passages du show décapsulent les réticences, ouvrant large des bras accueillants ou proposant une séance de « pois sauteurs ». Même si l’accastillage n’est pas cliquant, il n’en est pas moins présent. On ne survit pas en « rockitude » depuis bientôt vingt ans sans faire preuve de talent. Peut-être qu’un grain de folie supplémentaire débloquerait les compteurs (?). Que Blankass fasse sienne ou pas cette supposition, les vibrations délivrées vous emmènent déjà loin sur l’horizon.
Je n’avais pas vu (live)
« En attendant ton retour … »
Thierry Dauge