The MOVE : “Flowers In The Rain” (1967)

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Flowers in the rain – Une chanson – Un scandale

The Move

Un n°1 au hit-parade qui ne rapporte pas un sou aux interprètes !

Dans le livre ROY WOOD SAGA : Brumbeat forever (éditions Camion Blanc référence CB 383), l’auteur Vincent LASSERRE nous conte une anecdote désopilante concernant THE MOVE:

Au mois d’août 1967 apparut dans Londres un flyer promotionnel au format carte postale annonçant la parution d’un disque de The Move: « Flowers In The Rain ».Un outil publicitaire qui va s’avérer une bombe à retardement, le groupe étant tenu à l’écart de cette manigance.

The Move

Caricature

Le flyer représente une caricature de Harold Wilson, le Premier ministre, une vraie réussite esthétique due au dessinateur Gerald Scarfe qui semble avoir trouvé son inspiration auprès du marquis Frantz von Bayros, un peintre autrichien du XIXe siècle célèbre pour ses gravures érotiques. Finement exécutée, la scène représente Wilson nu et réduit à la taille d’un gnome. Il est assis sur les draps froissés du lit d’une superbe jeune personne en déshabillé translucide et dont un loup noir cache une partie du visage de cette dernière… Peine perdue puisqu’elle tient un éventail sur lequel une inscription révèle son identité : Miss Williams, secrétaire très particulière de Harold.

Le dessin n’a rien de gratuit, ni d’anodin, il ne fait que concrétiser les bruits d’alcôve qui courent sur les deux protagonistes de la caricature, Marcia Williams et le Premier ministre… Trois même, puisque Mary, la femme de Wilson, guette le couple, cachée derrière un rideau. Certains éléments du dessin semblent former un jeu de piste pour initiés tel le grand miroir (sans tain ?) qui occupe le mur du fond de la pièce, ou un billet d’avion (TWA single 1° class America) reposant à côté d’une machine à écrire. Le dessin central est encadré par deux allégories casquées de la Grande-Bretagne, tandis qu’au-dessus s’inscrivent les mots « dégoûtant, dépravé, méprisable ». Le nom d’Harold s’étale sur une banderole, dans le bas fleuri de la carte, coincé entre les expressions « though » (quoi que !) et « maybe » (peut-être).

The Move – Flowers in the rain

Désormais en première ligne et surexposé, le groupe, au sortir d’un concert se retrouve devant une nuée de journalistes, micro tendu agressivement, leur demandant des explications sur cette pub malvenue… Explications qu’ils sont bien en peine de donner. Dans les jours qui suivent, alors qu’on les traite de « psychedelic anarchists », la caricature apparaît à la une de nombreux journaux. Tous, tabloïds ou dignes quotidiens confondus, s’offusquent et stigmatisent un pareil procédé, dénonçant le groupe pour cette offense à la décence et à la moralité du chef du gouvernement… mais offrant cependant à la vue de tous, hypocritement, ce qui n’avait jusque là touché que quelques-uns. Le manager du groupe, Tony Secunda, enfonçant le clou, aurait fait porter l’objet du délit au 10 Downing Street, le logement rituel des Premiers ministres britanniques, afin qu’il atteigne bien son but.

Harold Wilson joue les grands outragés, porte plainte et assigne le groupe en justice. Ce sont bien les Move et non Secunda qui feront les frais de l’affaire.

Jugement – 12 octobre 1967

Le 12 octobre, le groupe et son manager arrivent à la Haute Cour de justice, dans une magnifique Rolls-Royce rouge, pour entendre le verdict du sévère juge Quentin Hogg. Le magistrat va les déclarer coupables de «rumeurs malveillantes destinées à saper la réputation et la probité du Premier ministre, par le moyen d’un dessin ordurier et injurieux». Sa sentence, accompagnée d’un discours moralisateur, va pénaliser les accusés (et surtout Roy) sur le plan financier. Les royalties provenant des chansons « Flowers in the Rain » et de son flipside « The Lemon Tree » se verront reversées à des oeuvres de charité choisies par le plaignant Harold Wilson. Dans un premier temps, l’argent sera attribué à la « Spatics society », une association de lutte contre la paralysie spasmodique, ainsi qu’au « Stokemandeville hospital »

Bien après 1967, l’affaire continuera à passionner l’opinion publique britannique, relatée à travers plusieurs livres, dont celui de Joe Haines, un ancien secrétaire de presse de Wilson. En 2006, la BBC diffuse The Lavender list, un téléfilm mettant en scène la supposée liaison de Harold et Marcia Williams. Cette dernière, devenue lady Falkender, attaque le média en justice, demandant 75 000 livres de dommages et intérêts.

Daniel Lesueur – CulturesCo

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