La vie en noir et blanc de Nora GREGOR

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Le livre Stars et Starlettes Du Noir Et Blanc

(cliquer ICI) (et ICI pour le feuilleter) évoque des centaines d’actrices de la première moitié du Vingtième Siècle, dont Nora GREGOR.


Eleonora Hermina Gregor dite Nora Gregor (1901-1949), juive autrichienne, entame sa carrière à 17 ans dans l’opérette puis au théâtre et enfin au cinéma muet (1920) ; on retiendra notamment qu’elle tient le rôle féminin principal dans Michael de Dreyer (1924). En 1930, premier rôle parlant, dans Olympia, version alternative d’un film franco-américain de Jacques Feyder, Si l’Empereur savait ça.

Sa notoriété n’ayant cessé d’enfler, Hollywood la réclame. En 1932 elle est covedette de But the Flesh Is Weak, partageant l’affiche avec Robert Mongomery. En 1933 on la remarque dans Was Frauen träumen (Ce que femme rêve) avec Peter Lorre.

Sur les planches, elle accompagne Douglas Fairbanks Junior. Bref, elle est devenue une grande dame reconnue. Auréolée d’une renommée internationale, elle revient en Europe, suffisamment forte pour s’attaquer au répertoire classique, notamment Roméo et Juliette et Othello de Shakespeare.

Bien que mariée au pianiste et chef d’orchestre Mitja Nikisch (qui se suicidera en 1936, deux ans après leur divorce), elle devient la maîtresse du vice-chancelier d’Autriche Ernst Rüdiger Starhemberg, déjà marié lui aussi, et lui donne un fils en 1934… un fils illégitime : ils se marieront seulement fin 1937, cinq jours après que soit prononcé le divorce de Starhemberg.

L’Autriche ayant été annexée par l’Allemagne nazie, Starhemberg et Nora avaient dû s’exiler en Suisse. Ruinés,avant de passer en France, ils vivent quelque temps au crochet du magnat de l’armement Friedrich Mandl, un curieux personnage juif et fasciste qui fut un temps le mari d’Hedy Lamarr .
Tandis que Starhemberg rejoint les forces françaises et anglaises, s’enrôlant dans la R.A.F., Nora se voit confier par Renoir le rôle de Christine de la Chesnay dans La Règle du jeu (1939), rôle qu’il avait voulu, au préalable, confier à Simone Simon… qui l’a décliné : elle a choisi de tourner aux Etats-Unis pour Dieterley (Le diable et Daniel Webster. Bien lui en prit, puisque dans la foulé, remarquée par Tourneur, elle sera pour lui La Féline).

Bien que Nora soit sublime dans La Règle du jeu, le moment était mal venu : le film sort alors que la guerre semble inéluctable, et elle incarne l’étrangère, l’Autrichienne qui, à l’instar de Marie-Antoinette, mène grande vie pendant que le peuple tremble et s’apprête à souffrir. Elle a en outre été choisie par défaut : le rôle était prévu pour Simone Simon… dont les prétentions financières étaient inacceptables.
Après cet intermède, Nora et son mari fuient au Chili où en 1945, elle tourne dans La Fruta mordida (connu sous trois titres français différents : Le Fruit mordu, Le Moulin des Andes et Françoise), film réalisé par Jacques Rémy également exilé. Ce sera son dernier film : elle se suicide à Santiago en 1949

Daniel Lesueur – CulturesCo

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