GERMS (GI) – Punk déglingué pour spéculateur fortuné
Le premier album des Germs – l’unique album studio des Germs devrait-on écrire car le seul enregistré avec le line up original – (GI) pour Germs Incognito, sort en 1979 sur le label Slash Records. Il est produit par l’ex Runaways future Blackhearts Joan Jett (productrice ?!). Il contient quinze titres « coup de poing », d’une durée de moins d’une minute pour certains à deux minutes et quelques pour d’autres ; plus une « longueur » de neuf minutes trente en queue de comète.
En décembre 1980, le chanteur, Darby Crash, se suicide par overdose d’héroïne. Il a 22 ans : fin du groupe. Ce qui s’appelle envoyer la sauce, vivre vite et mourir jeune. La resucée du combo apparue en 2005 ne compte que le batteur Don Bolles dans ses rangs, unique rescapé des quatre cavaliers de l’apocalypse originaux – Pat Smear à la guitare et Lorna Doom à la basse.
GERMS – What We Do Is Secret
En matière de punk hard-core, on peut difficilement trouver plus radical : aucune mélodie, les doigts dans la prise, un chant / crachat expédié dans les latrines. Vécu live au cœur de la fosse, pogo et gnons assurés ! L’album recueille néanmoins un certain « succès », essentiellement sur ses terres, à Los Angeles. Du côté de l’hexagone, il faut « digger » bien profond dans les bacs des disquaires pour le trouver… Et encore, chez des initiés.
Strange Notes
2025. L’amateur éclairé de « choses » bruyantes se dit que voilà un disque qui « ferait bien » dans sa collection, qui attise son désir de possession. Par facilité, « clic ! », la Toile, et… !!! Sur un célèbre site de vente par correspondance, c’est de la folie ! Le pressage original vendu sans pochette (!) dans un état côté « G+ », c’est-à-dire « Un tas de merde », frôle les 140€ ! Le « NM », « Near Mint », « Quasiment neuf » – il s’agit souvent d’une évaluation visuelle qui ne garantit en rien que le sillon ne crépitera pas comme une merguez sur le barbecue une fois accouplé au « diamant » de la platine – se situe entre 700 et 900€ !! Bon. Se rabattre sur une réédition semble inévitable mais … Entre 70 et 120€ !!! De qui se moque-t-on ?!
GERMS – We Must Bleed
De passage au Virgin Megastore des Champs Élysées, je l’ai trouvé ce vinyle. Je ne sais plus en quelle année et de quel pressage il s’agissait, mais je m’en suis emparé. Je ne l’ai pas écouté jusqu’au bout, trop radical à mon goût. Je l’ai revendu lors d’un vide grenier, probablement cinq balles à un passionné. C’était avant l’an 2000, l’apparition des euros et la spéculation sur le vinyle. « Rabats-toi sur Deezer et consort ! », me dit-on. La musique dématérialisée, c’est comme le travail en distanciel, ça me fait chier.
Lion’s Share
Punk déglingué pour spéculateur fortuné ? Germs et (GI) n’est pas un cas isolé. Arnaques en tout genre à la une, il fallait bien que la musique y passe aussi. De toutes façons, avec des vinyles neufs vendus 40 boules chez les fournisseurs attitrés, le bouffeur de cire a maintenant intérêt à disposer d’un matelas à la banque. Même écumer les vides greniers assèchent les larfeuilles ces derniers temps !
Au final, ami vinylovore, si tu n’as pas de pesetas, il est à craindre que tu passes doucement de ton état à celui d’androïdovore, coincé devant ton écran. Quand la viande est trop chère du fait d’individus confondant « steak » et « musique », il faut se contenter de la sauce, voire du bouillon. Râler ? Tempêter ? Mr La Fontaine, permettez que l’on détourne une de vos fables : « Selon que vous serez puissant ou misérable… » vous garnirez votre collection ou resterez comme un con.
Thierry Dauge