Week-end à Zuydcoote
Sur la plage abandonnée…
… Coquillages et crustacés. Pour sûr, les crabes auront à becqueter en ce début de mois de juin 1940 sur les plages du nord de la France. Pas vraiment le temps pour la villégiature . À vue de narines ça sentirait plutôt la charogne que les beignets et les chouchous…
Dunkerque…
… D’un côté, la mer. De l’autre, l’armée allemande. Au milieu 300 000 gus, des britanniques, des français, des belges, bloqués dans une poche qui rétrécit de jour en jour. Seule solution, embarquer le maximum de soldats avec tout ce qui flotte, du cargo jusqu’ à la barcasse. Les english sont à la manœuvre et les Tommies sont prioritaires. Les autres, attendez votre tour, s’il n’est pas trop tard…
Julien Maillat…
… jeune sergent-chef de l’armée française, fait partie de ceux-là. Il cherche bien à mettre les bouts lui aussi mais rien à faire, même le soi-disant laisser-passer d’un gradé british ne persuadera pas l’officier chargé de l’évacuation.
Alors Maillat passe le temps…
… avec ses copains d’infortune à la « popote », une ambulance hors service qui leur sert de cuisine et de refuge. Petites combines pour améliorer l’ordinaire et corvées de flotte entre deux bombardements rythment leur quotidien. Sans compter les rendez-vous réguliers avec les nouvelles du front, sur la radio de l’estafette. Elles ne sont pas bonnes…
Maillat, c’est Belmondo…
… Car cet épisode marquant de la seconde guerre mondiale va inspirer un metteur en scène et pas des moindres : Henri Verneuil. En 1964 le cinéaste a déjà derrière lui « Un singe en hiver », Gabin–Belmondo, « Mélodie en Sous-sol », Gabin-Delon, « Cent mille dollars au soleil », Belmondo-Blier-Ventura. Catégorie chevronné. Une reconstitution historique ne lui fait pas peur, aussi se lance-t-il dans l’adaptation du best-seller de Robert Merle, « Week-end à Zuydcoote » qui raconte cet épisode de la débâcle des alliés durant la « blitzkrieg ».
Il met le paquet Henri. Milliers de figurant, matériel militaire à gogo, avions, explosions. Mise en scène ambitieuse et grandiose qui met d’autant plus en valeur l’absurdité du spectacle de toutes ces vies traquées et piégées.

Ici pas de héros…
… à la testostérone belliqueuse. Bérets verts et autres Rambo recalés au casting. Juste des quidams arrachés à leurs boulots, leur familles, qui ne comprennent plus rien à ce merdier international dont les dimensions et la monstruosité dépassent l’entendement. Comme Maillat, pivot du film, formidablement interprété par un Belmondo tout en sobriété et fatalisme.
Comme ses compagnons…
… brochette de seconds rôles d’un pur régal. George Géret, le gars d’Bezons, bourru et inséparable de son fusil mitrailleur qu’il cajole comme un nouveau-né en concluant chaque phrase d’un « Aussi sec ! » tonitruant. Pierre Mondy, le magouilleur, toujours à l’affût de la combine juteuse et qui tire déjà des plans sur la comète de l’après-guerre. Jean-Pierre Marielle, le curé, hanté par le jeune soldat allemand qu’il a descendu, « C’était lui ou moi, j’ai été le plus rapide », qui enterre son flingue dans les dunes car « il ne veut plus tuer personne dans cette guerre ». François Périer, le bon gars marrant, gardien des casseroles et de la tambouille, véritable nounou qui engueule toujours Belmondo quand il allume une clope juste avant de manger. Tranches de survie dérisoires entre courage et petites lâchetés.




Maillat continuera néanmoins…
… à essayer de foutre le camp de l’autre côté, en Angleterre. Il rencontrera entre temps Jeanne, jouée par la belle Catherine Spaak, qui refuse obstinément de quitter sa maison car, pense-t-elle, « Il ne lui arrivera rien tant que je serai là ». Brève idylle bancale et sans lendemain musicalisé par la magnifique partition de Maurice Jarre.

Week-end à Zuydcoote – Bande-annonce