Léo DELIBES – Lakmé, opéra
Musicien français du XIXème siècle, à son arrivée dans le microcosme des compositeurs dits « classiques », Léo Delibes exerce sa noble activité au bénéfice de l’opérette et du ballet. Lorsqu’il intègre l’opéra national en tant que second chef de chœurs, on imagine que l’écriture de plus « nobles » partitions va s’emparer de sa plume. Il n’en est rien, il continue à musicaliser des ballets dont Sylvia ou la Nymphe de Diane (1876), œuvre qui lui vaut un premier crédit public ; et toujours de nos jours !
En 1883, il compose l’opéra qui va célébrer son savoir-faire au-delà des siècles : Lakmé. Le livret conte l’histoire de Gérald, officier britannique amoureux de Lakmé, fille d’un prêtre Brahma. L’action se situe en Inde, à l’époque où Victoria étend son empire de l’Afrique à l’Asie. Mêler les ethnies, les races, en ces temps conquérants touchant à l’impossible, l’intrigue se veut dramatique. Au centre de l’opéra, des hélices voluptueuses de voix féminines, le « Duo des Fleurs », s’adressent directement au cœur.
LAKME – Duo des Fleurs
Lorsque, tel qu’en présence, les assemblages de notes bouleversent à ce point, on touche au divin. Dans le Requiem de Mozart, si la puissance des chœurs mime la noirceur, les harmonisations du duo en mouvement évoquent des paysages célestes, la pureté d’une eau cristalline s’écoulant, transparente et musicale, le long de minéraux polis par ses caresses. Des rayons de ciels étoilés chahutés par un croissant de lune se posent à nos pieds. Parfois, l’inspiration des musiciens transporte les auditeurs aux confins, les amenant à se sentir bien.
Un autre passage de l’opéra touche l’oreille affûtée des amateurs d’art lyrique, « L’air des clochettes », pièce majestueuse où la chanteuse atteint des sommets, certes moins élevés que dans « La Flûte Enchantée », mais à proximité.
LAKME – L’Air des Clochettes
Même touché par la grâce de l’échange des « genres », servi ici au féminin par Natalie Desay, divine soprano, le « Duo des Fleurs » vous revient. Si, sentiments blessés, vous vous sentez dériver vers l’obscurité, acceptez qu’on vous berce. Une ode à l’existence, un hommage au Sacré, un espace lumineux où se recouvrer.
Thierry Dauge