France GALL – Viens, je t’emmène…
Après avoir titillé des poupées de cire puis des sucettes à l’anis, France Gall croise au large de la popularité jusqu’à sa rencontre avec Michel Berger. En 1974, ce dernier lui fait une déclaration d’amour, lui promet de l’emmener plus loin que la baie de Yen Thaî pour un voyage qui durera jusqu’à sa mort.
Dans la carrière de France, les années 70’s représentent un sommet. Bien sûr, elle gravira des degrés bien plus élevés dans les 80’s, avec des chansons comme « Débranche », « Tout Pour La Musique » ou « Ella, Elle l’a ». Mais le son de la décennie qui l’a véritablement vu éclore, obtenir du succès non seulement auprès des enfants et leurs parents, mais également auprès des adolescents, était beaucoup plus « organique », moins numérique. Ça fait toute la différence.
France GALL – La Déclaration d’Amour
Tout commence en 1974 avec « La Déclaration d’Amour ». Un piano électrique, de brèves phrases de guitare électrique, une orchestration de cordes, un « slow » à danser dans les « boums », de quoi s’envoler très haut. La voix de France est cristalline. L’avoir fait parler à la fin du morceau s’avère être un choix artistique décisif. Elle semble s’adresser à chaque auditeur, et uniquement à « lui » ; de quoi craquer ! Seul problème pour la chanteuse, il s’agit d’une déclaration « en vase clos », sans personne pour l’entendre. La suite sort en 1976 …
Comment Lui Dire
Comment lui dire ? Berger dégaine une pop groovy qui va marquer ses productions futures, flinguer le public, dessouder les réticences à son égard jusqu’à en profiter sur ses propres titres. Le chant de Gall y est mutin, léger comme une farandole de baisers volés, l’ingénuité en draperie, voile d’introversion sur un désir, un soupir. Le piano quasi bastringue engage à la joyeuseté, le grand large. Pour continuer d’exister dans les garages de l’adolescence, un rythme discoïde est adjoint, de quoi remuer les pieds en cadence. Promouvoir le bonheur puis le désespoir rimant avec les aléas du quotidien, le single suivant revient au coller / serrer.
France GALL – Si Maman Si
1977, année punk, où France Gall prend sa mère à témoin sur le désarroi qui l’étreint. Solitude, quand tu nous tiens … L’accroche est géniale ! « Viens dans mes bras, frêle créature, cœur égaré, je saurai te protéger ». Et tournent les danseurs autour de cette imparable ballade. Carton au hit-parade, c’est une véritable mobylette, de quoi disperser les grisailles urbaines en deux-temps, déguster des cornets de glace sur la selle biplace. Allez, monte, viens, je t’emmène …
Viens, Je t’emmène
1978. La célèbre comédie musicale en bandoulière, la franco québécoise Starmania, Michel berger compose dans la foulée une « scie » redoutable. La basse rivalise d’arabesques avec des synthés aux sonorités « wonderiennes », la batterie délie les entrechats, les pistes de dansent s’élargissent, sortent des cabanons pour gagner les salons. Installée sur cette formidable rampe de lancement, France Gall gagne les étoiles d’où elle ne redescendra plus. Dès 1980, un exercice photographique : « Il jouait du piano debout … », la propulsera dans la sphère céleste des « incontournables » …
Thierry Dauge