Pop and Rock véhiculés

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En prélude à la sortie de l’ouvrage : « Pop Rock – Les instruments de l’ombre », supervisé par notre ex collaborateur sur Cultures Co, Daniel Lesueur, lui-même auteur et directeur de collection aux éditions du Camion Blanc, ci-joint un extrait revu pour les besoins du « format ».

Pop and Rock véhiculés

Pop and Rock véhiculés

La bicyclette

Précédée par la draisienne (1817), du nom de son concepteur : Karl Drais Von Sauerbronn, la bicyclette à pédales « moderne » voit le jour près de 50 ans plus tard. A partir de quand l’équipe-t-on d’une sonnette ? Seul celui ou celle qui en a eu l’idée le sait. Par contre, au vingtième siècle, des musiciens en ont extrait la quintessence

QUEEN – Bicycle race

Queen n’en est pas à une gourmandise prêt en matière d’effets sonores. Si l’on aborde sa discographie complète, on éprouve la sensation d’une pluralité musicale inégalée. Pourtant, pendant la plus grande partie des 70’s, les musiciens se sont toujours targués de n’employer aucun synthétiseur. Aucun synthétiseur, oui ! Mais quid des sonnettes de bicyclette ? Dans un premier temps, ils en usent avec modération sur « Lazing on a sunday afternoon » (1975), extrait de A night at the opera, puis avec gourmandise dans « Bicycle Race » (1979).

Anecdote : la même année, lors de la tournée qui suit la sortie de l’album Jazz, lorsque le groupe joue ce titre sur scène, les sonnettes de bicyclettes viennent de la salle. Proportionnellement au nombre de places sises dans celle-ci, on frôle l’équivalent sonore d’une convention de vélocipédistes !

L’automobile

Au rayon « voiture », les rockeurs ont toujours répondus présents, paradant dans une Plymouth Belvedere, une Ford Modèle T dragstérisée ou une Cadillac, symbole des années 50 aux côtés d’Elvis. Certains y ont trouvé la mort : Marc Bolan dans une Austin mini ou Eddie Cochran dans ce triste taxi anglais.

En France, notre rockeur de référence : Johnny Hallyday, voit sa vie publique estampillée Lamborghini par deux fois. Il s’enroule autour d’un acacia dans une Miura en 1967 (« Je ne roulais pourtant pas vite ! Pas à plus de 200 km/h ! »), et achète une Aventador entre 400 et 500 000 €, suivant le modèle (« Quelle dépense inutile ! », se serait plainte Lætitia), trois mois avant sa mort. Cinquante années écoulées entre les deux événements, une même passion automobile sur un demi-siècle. Mordus comme ils le sont, les artistes électriques ont-ils été jusqu’à mêler la « mécanique » et le « métier » ?

KISS – Detroit rock city

Un temps capitale de l’industrie automobile, Detroit – Michigan, a donné naissance à bien des groupes de rock déjantés : Grand Funk Railroad (via Flint), The Stooges (via Ann Harbor), MC5 (via Lincoln Park), Alice Cooper, Bob Seger, Ted Nugent … des « violents ». Pourtant, c’est du côté de Kiss from New York et de leur hard rock pailleté qu’il faut chercher pour trouver une chanson qui non seulement nomme la Motor City mais inclue également le son qui répond à son surnom : celui d’un moteur en action. « Detroit rock city », extrait de Destroyer (1976), commence par une balade en voiture : sons de portière qui claque, de quatre cylindres qui s’animent, d’autoradio, et se termine par l’éclatant crash de celle-ci. Entre les deux, les guitares « ennoblissent » un pilonnage de batterie. Une chanson road movie.

QUEEN – I’m in love with my car

Dans le multiplatiné A night at the opera (1975), après passages par des effets de studio, Queen, encore lui, utilise les instruments rock traditionnels : guitare, basse et batterie pour générer de multiples sons. Nonobstant, hors mention « No synthecizers » plaquée aux dos de sa pochette, d’autres moyens sonores ont permis aux musiciens de répondre à leurs inspirations. Ainsi, « I’m in love with my car », déclaration de Roger Taylor à son automobile, se termine par des vrombissements de quatre ou six cylindres (?). Si Mercury et May s’octroyaient le gros des compositions, Deacon et Taylor bénéficiaient d’une plage ou deux par album pour démontrer qu’eux aussi savaient écrire.

SLADE – Ready to explode

Après avoir fait dans le rock prolétaire, voire le pub rock, Slade suit Sweet sur le chemin du glam rock. Trustant le haut des charts, les singles se suivent … et se ressemblent, notamment au niveau des titres aux syllabes « compressés » : « Mama weer all crazee now » (1972), « Cum and feel the noize » (1973), etc. Le temps passant, sans jamais avoir perdu leur sens inné de la mélodie, les deux principaux compositeurs du quatuor : Jim Lea et Noddy Holder, troquent ce « bubble-gum » musclé contre du hard rock, puis contre un straight rock moins maniéré.

Si Whaterver happened to Slade (1977) expose les velléités hard, The amazing kamikaze syndrome (1983) verse dans le straight. C’est au cœur de ce dernier que l’on trouve une mini symphonie électrique de plus de huit minutes, un hommage aux voitures de course : « Ready to explode ». Le son des bolides y croise celui des amplis. Le morceau progressant, cet effet crée la sensation d’assister à une compétition sur circuit qui n’attend plus qu’un drapeau à damier.

KRAFTWERK – Autobahn

Plus fort que tout, comme au football, les allemands de Krafwerk enterrent le clou dès 1974 avec leur album Autobahn. Objet de tous les fantasmes, celles et ceux qui ne l’ont pas écouté parlent d’enregistrement réalisé sur le bord d’une autoroute. En lieu et place, seul le premier morceau : « Autobahn », comporte le bruit d’une automobile qui démarre puis qui s’éloigne. Le reste de l’album, ode au synthétiseur, retranscrit les impressions ressenties par les musiciens à l’écoute du bitume surchauffé et l’analyse qu’ils ont faite de ces fluctuations mélodiques. Une anthologie de l’asphalte.

La motocyclette

Outre l’automobile, la moto a toujours eu bonne presse auprès des amateurs de décibels. ‘Videmment ! Il n’existe aucun sortilège plus puissant pour attirer des filles ! Le pilotage d’une « bécane » ? Mode d’emploi.

Jean-Jacques BURNEL – Triumph (of the good city)

1977. The Stranglers sort de l’anonymat grâce à la vague punk qui submerge l’Angleterre avant de faire tache d’huile au niveau mondial. Particularité, contrairement à la légende qui veut que les punks ne maîtrisent ni la composition musicale, ni leurs instruments, The Stranglers, eux, savent jouer. Autre particularité : leur bassiste. Comme la consonance de son nom l’indique, il est franco anglais : un froggy chez les rosbifs ! Incroyable. Outre le maniement de ses quatre cordes, Jean-Jacques Burnel pratique également le karaté à haut niveau (7ème Dan). Afin d’éviter les importuns, il communique sur cet état de fait ainsi que sur son autre passion, la moto.

S’il a possédé une Harley Davidson et fait partie d’un Club de Hells Angels entre 1969 et 1971, c’est au guidon d’une Triumph que l’on peut le croiser par la suite. En 1979, The Stranglers sortent leur quatrième Lp et lui, en solo, son premier essai : Euroman Cometh. Sur le titre « Triumph (of the good city) », morceau instrumental quasi expérimental traversé de bruits majoritairement générés au synthétiseur, il fait « parler » sa Bonneville. Il commence par la démarrer puis laisse son moteur tourner au ralenti tout au long du morceau. Si le punk à fait « tache d’huile », entretenue comme elle devait l’être, certainement pas sa moto.

MÖTLEY CRÜE – Girls, girls, girls

Une formation qui ne pouvait passer à côté d’un « outil » de plus en guise d’attrape « souris », c’est les heavy glam rockers de Mötley Crüe. Après avoir lu The dirt, l’autobiographie des membres du groupe, cette affirmation prend tout son sens, leur addiction au sexe ne trouvant son pendant que dans leur consommation de drogues.

En mai 1987, conscience collective abîmée par une surconsommation de tout, les musiciens sortent un album insipide : Girls, girls, girls. Le titre éponyme démarre en fanfare dans le rugissement de plusieurs moteurs à explosion dont on peut supposer qu’il s’agit de BSA, Norton, Harley, Indian ou Triumph. La même année, courant décembre, Nikki Sixx, bassiste et fondateur du groupe, fait un arrêt cardiorespiratoire suite à une overdose d’héroïne. Pour stopper ces grondements qui tournent dans sa tête ? C’est possible … mais pas certain.

L’aéroplane

Bien que la sensation de s’envoler puisse naître au guidon d’une 750, le postérieur effleurant une selle biplace, pour décoller, il paraît plus simple de prendre l’avion. Parmi les rockers, beaucoup ont refusé d’adopter ce moyen de transport, Bill Wyman, bassiste des Stones en tête. D’autres en sont mort : Ronnie Van Zant, Ritchie Valens et Buddy Holly, dans la même carlingue, Rickie Nelson, Otis Redding, du beau monde. Pour conjurer le mauvais sort, rien de mieux que d’adapter des réacteurs à son répertoire.

The BEATLES – Back in the U.S.S.R.

Lorsque les Beatles voyagent, ils font bien les choses, surtout lors de ces tournées marathon qui parcourent des milliers de kilomètres de par le Monde. « Back in the U.S.S.R. ».nous renseigne sur le mode de transport choisi : l’avion. Des réacteurs rugissent dans l’introduction, lâchant le kérosène nécessaire au reste de l’album. Précisons que cette chanson atterrit sur l’album blanc (1968), au milieu d’un parterre de fleurs toutes plus odoriférantes les unes que les autres. Véritable dernier disque des Beatles, Abbey road (1969) n’étant plus qu’une somme d’individualismes alignés en série (?).

Quoi qu’il en soit, « Back in the U.S.S.R. » démontre comment le duo magique Lennon/McCartney pouvait muscler sa pop lorsque ça le titillait. Comme ce titre introduit le Blanc, et que le Blanc suit Sgt. Pepper’s lonely hearts Club Band (1967), la nécessité d’un coup de poing d’entrée de jeu était nécessaire : marquer l’auditeur dès le début de l’écoute. La turbulence générée par un couple de réacteurs à l’atterrissage fait le boulot à merveille.

BLUE ÖYSTER CULT – ME 262

Le Blue Öyster Cult, via son mentor et manager Sandy Pearlman, a adopté une imagerie, un look et des textes de chansons sulfureux. Aux débuts des 70’s, la concurrence est rude dans le milieu du heavy rock naissant et il faut se démarquer. Ainsi, le groupe se pare-t-il d’un patronyme énigmatique à connotation sectaire : le Culte de l’Huitre Bleue (?), et d’un symbole qui rappelle une Ânkh inversée, hiéroglyphe de l’Egypte ancienne. Associé à une « noirceur » caractérisée, les rumeurs vont bon train.

Pour alimenter un peu plus sa légende, sur son 3ème Lp : Secret treaties (1974), le BOC affuble une de ses chansons d’un drôle de titre : « ME 262 ». Heavy boogie entraînant et décapant, rejet d’assimilation d’une langue étrangère aidant, on ne va pas plus loin … à l’exception du curieux qui lance une recherche. Et là : « Bingo ! », ME pour Messerschmitt, premier chasseur bombardier à réacteurs durant la Seconde Guerre mondiale … made in Allemagne. Bien évidemment, on l’entend vrombir et larguer quelques bombes dans la chanson. Provocation, quand tu nous tiens

L’hélicoptère

En attendant des déplacements à la vitesse de la lumière en vaisseaux spatiaux, pour les « sauts de puce », d’une ville à une autre, un hélicoptère semble tout à fait adapté.

DEF LEPPARD – Die hard the hunter

https://www.youtube.com/watch?v=Ng3ODIVhR7c

Def Leppard, membre de la New Wave Of British Heavy Metal, sort un premier album alléchant, à la frontière entre heavy metal et hard rock. Son deuxième forfait, High’N’dry (1981) est un monument élevé à la gloire du plomb, métal lourd s’il en est. Mais c’est avec le suivant, Pyromania (1983) que le groupe inaugure ce que sera son futur musical, une surproduction hystérique : Hysteria (1987), mais également son testament.

Sur Pyromania, et « Die hard the hunter », un hélicoptère pointe à l’horizon. Les pales tournoyantes de ses rotors découpent des lamelles oranges dans la chair du soleil levant. Progressivement, le feu nourri de mitrailleuses lourdes qui crachent leurs entrailles invite les guitares à gagner leur place. Apocalypse now (1979) n’est pas loin.

Et après …

Nous aurions bien inclus « Locomotive breath » (1971) de Jethro Tull à l’affaire mais aucun véritable train n’y emprunte aucune paire de rails : « Sic ! »

JETHRO TULL – Locomotive breath

Au sens figuré comme au sens propre, d’autres moyens de déplacement transportent-ils les musiciens, incitants les seconds à inclure la signatures sonores des premiers dans des chansons ? Excellente question …

Thierry Dauge

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