The DONNAS – Heavy rock et féminité
Les femmes, dans le rock, ça n’est pas ce qui manque. Portant, elles font l’objet d’une certaine forme d’indifférence, de moquerie, drap tiré sur leurs justes valeurs. De ce fait, à quelques exceptions : Patti Smith, Chrissie Hynde, PJ Harvey, Bjork (…), ou, en groupe : The Bangles, Girlschool, L7, The Runaways (…), elles ne reçoivent pas les lauriers mérités, la gloire escomptée.
Pendant douze ans, entre 1998 et 2009, sans complexes, The Donnas affirmèrent haut et fort leur singularité : heavy rock et féminité.
The DONNAS – Take it off
En studio
En 2002, le groupe signe avec Atlantic. Parait alors « Spend the night », cinquième album mais premier opus à être largement diffusé du fait de la Major qui le soutient. Il est catégorisé « punk-rock ». Le fait que ces dames aient communément adopté un patronyme qui donne son nom au groupe, à l’image des Ramones, y est certainement pour quelque chose. Qu’en est-il en fait ? Objectivement, « Spend the night » renferme un heavy rock dans la lignée de ce que proposent The Bellrays ou The Datsuns, une musique goinfrée d’énergie et de guitares distorsionnées.
Big rig
En retour, le succès pointe sa truffe luisante, branche d’étoile au cœur de la nuit, plaque verglacée sur laquelle glissent les narcisses en manque d’humilité. The Donnas s’en accommodent sans piquer au Don Pérignon. Désirant gonfler son porte-monnaie, un ponte d’Atlantic décide alors de badigeonner leurs riffs de crème hydratante. « Gold medal » (2004), l’album qui suit, témoigne de ce ramollissement tissulaire : un épissage des nerfs. Le public ne suit pas. Atlantic largue son nouveau-né. Fin de la « Major-ité ».
Le quatuor met quatre longues années à réaffirmer sa volonté : faire de la musique, en jouer. Pour le prouver, il sort « Bitchin’ » (2007), un manifeste de hard rock traditionnel, et repart en tournée.
The DONNAS – Like an animal
Cet Lp fournit de belles fusées à délivrer live, ce que vérifieront toutes celles et ceux qui se donneront l’opportunité d’une rencontre : en « face à face ».
Un soir à la Maroquinerie
Le 7 novembre 2007, deux mois à peine après la sortie du disque, The Donnas honore la Maroquinerie de sa présence. Le club parisien cumulant bar, restaurant et salle de concert, c’est la bave aux lèvres que le chroniqueur s’y rend.
Avant : bière au bar, après : magret de canard dans l’assiette, pendant : The Donnas dans les oreilles et les mirettes !
Round and round (live 2007)
La Maroquinerie promouvant la proximité, les quatre Donnas jouent à portée de main. Cette proximité n’est pas sans provoquer une certaine moiteur chez les mâles présents dans la salle. Par chance, ce sont des gentlemen. Et puis, le son généré par nos amies : net, vivant, puissant, Gibson sur Marshall, occupe pour moitié l’espace, éteignant les velléités concupiscentes sous une pluie de décibels. Il reste qu’avec The Donnas, il y a autant d’image que de musique. Elles sont vraiment charmantes, pas dans le sens « minettes avenantes », dans le sens musiciennes scintillantes.
The DONNAS – Bitchin & Don’t wait up for me (live)
L’engouement qu’elles mettent à interpréter leurs titres vaut bien celui de n’importe quelle formation « poilue ». La sueur n’est pas que masculine, les femmes transpirent aussi. Distillé sans ménagement, le hard rock domine, des traces de gloss, de rouge à lèvres colorant ses accents dominants. Si, au sortir du studio, les chansons peuvent paraître un rien répétitives, un soupçon fadasses, il en va tout autrement au sortir des amplis. Le punch redore les partitions et le « headbanging » devient légion.
Wasted (live)
Bien sûr, il n’y a rien chez The Donnas qu’on n’ait déjà entendu ou vu. Bien sûr que des dizaines d’autres groupes proposent des prestations musicales approchantes. Mais les Donnas possèdent ce petit quelque chose qui fait le sel de ces concerts « Terminator ».
The donnas live ? « Je reviendrai ».
Thierry Dauge