DEF LEPPARD – High’n’dry all through the night

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DEF LEPPARD – Death Leppard ?

Def Leppard

En studio

Comment accède-t-on à un groupe ? Souvent : par une fratrie plus âgée, le « bouche à oreille », un article dans un magazine spécialisé, une compilation … En 1980, une de ces dernières : « Heavy rock », propose deux titres : « Satellite » et « Getcha rocks off », du 1er album de Def Leppard : « On through the night ». Lorsque le vinyle noir rote sur la platine, l’auditeur est « Leppardisé » à la première écoute.

DEF LEPPARD – Getcha rocks off (E.P. version)

Pour les amateurs de rock « musclé », ce premier Lp propose une bruyance goûteuse, promesse de virulences à venir. Pourtant, il manque d’homogénéité tant pour le son que dans l’écriture : adret aux mélodies exemplaires, ubac en régime sans sel. Son écoute génère la sensation d’un menu hétéroclite où l’enchaînement des plats dépend du cuisinier : foie gras frais truffé sur lit d’harissa puis flanc aromatisé à la fleur d’oranger. Ainsi, « Rock brigade » ou « Wasted » carburent-ils à la testostérone alors qu’« Hello America » ou « Sorrow is a woman » suggèrent un bol d’avoine trempé au lait.

Wasted

Alors vint « High’n’dry » (1981) : « … et le talent du Léopard Sourd rugit au cœur de la New Wave Of British Heavy Metal ». Cet album est un bloc de marbre dont le rayonnement transforme l’énergie produite en dopamine, la molécule du plaisir. Outre la qualité des compositions, le mortier qui gaine le fond du sillon participe au phénomène. Le Maître façonnier se nomme Robert John « Mutt » Lange, l’artificier du « Highway to hell » d’AC/DC (1979), celui-là même qui envoie le « 4 » de Foreigner (1981) tutoyer le sommet des charts. Pour Def leppard, et « High‘n’dry », il créé un pilonnage en règle, un blitzkrieg.

DEF LEPPARD – Another hit and run

https://www.youtube.com/watch?v=BFGt-TkapLI

La batterie devient une massue qui enfonce le fer forgé dans la terre du blues, pulvérisant ses racines, transformant le hard rock en heavy metal. Même lorsque les velléités guerrières s’apaisent, comme sur « Bringin’ on the heartbreack », les pulsations ne descendent pas sous les 120 battements par minute. Pour les heavy metal kids : des clous d’or carénés d’argent !

Coincé entre une batterie panzer et une paire de Gibson assassines, Joe Elliott s’arrache la gorge à chanter. On imagine les ulcérations sur l’épithélium de ses cordes vocales sanguinolentes. L’alchimie musicale ainsi produite révèle le volcanisme du groupe, alliage d’agressivité et d’originalité au bénéfice de « vraies » chansons.

High’n’dry (saturday night)

Même si Def leppard conserve une once de poivre noir dans sa confiserie, « Pyromania » (1983) amorce le virage qui va le conduire à la boursouflure. Nonobstant, en 1983, le foyer de l’incendie n’est pas encore éteint et cet album émet suffisamment de calories sonores pour que les fans de base restent à l’écoute. Les « Photograph », « Too late for love » et « Billy’s got a gun » parviennent même à construire une sorte d’identité propre au groupe dont d’autres s’inspireront par la suite.

Pendant l’enregistrement, Def leppard perd un sniper : Pete Willis. Phil Collen (ex Girl) prendra sa place. D’un niveau guitaristique équivalent, il n’a vraisemblablement pas les mêmes dispositions d’écriture.

DEF LEPPARD – Foolin’

Paradoxalement, après quatre années de gestation, c’est dans cette configuration que la reconnaissance mondiale se fait jour. « Hysteria » (1987) va s’écouler à plus de vingt millions d’exemplaires ! L’origine de ce raz de marée relève certainement de plusieurs critères : un capital « sympathie », Rick Allen a perdu un bras dans un accident de voiture, faisant de Def Leppard le premier groupe à présenter un batteur manchot, le son « énormissime » qui rase tout sur son passage, des chansons addictives : le chant du cygne.

Women

La suite … Pour conserver sa place sous le soleil des projecteurs, le groupe vend son âme au show-business. Un deal qui, outre le bras déjà pris en « otage », coûtera la vie à Steve Clark, le dernier guitariste originel. On ne pactise pas impunément avec le Diable …
Le studio ne faisant pas le live, entre 1981 et 1988, Def leppard parvient-il à retranscrire ses partitions sur les scènes qu’il visite ? Dans les 90’s, le léopard devenu chat retrouve-t-il des crocs lorsqu’il se livre « vivant » à l’appréciation du public ?

En concert

Def Leppard

Le 20 octobre 1996, Def leppard prend possession du Zénith de Paris pour promouvoir « Slang », album qui laisse espérer une volonté ré-électrifiée.
Commentaire pris sur le vif à la sortie du concert : « Ce matin se courrait le Marathon de paris, un truc bien plus heavy ».

Existe-t-il des concert qui ne laissent aucun souvenir ? Le 14 mai 1993, au même endroit, pour la tournée « 7 day weekend » qui fait suite à la parution d’« Adrenelize », les anglais répondent à la question : « Oui ».

Le 14 mars 1988, le Palais Omnisport de Paris Bercy accueille le groupe à l’occasion de l’« Hysteria Tour ». En guest, en lieu et place des hair-métaleux de Poison, le Michael Schenker Group tente de lever le soufflé. L’ex Scorpions, si talentueux sur « Loverdrive » (1979), délivre une prestation lénifiante. Certes, le « V » de sa Flying épouse parfaitement sa cuisse droite lorsqu’il prend des solos, certes …
Et Def Leppard surgit … gentiment. Le kit de batterie semi électronique de Rick Allen produit des sons impressionnants lorsque le groupe tente de reproduire les multiples pistes d’enregistrement produites en studio. Ça tourne rond (-rond).

DEF LEPPARD – Animal (live)

Le 7 décembre 1981, Def Leppard honore la 1ère partie de Judas Priest au pavillon Baltard, à Nogent sur Marne. Jamais, par la suite, le groupe ne présentera une puissance de feu similaire, si ce n’est, épisodiquement, sur la tournée « Pyromania ».

En cette soirée hivernale, la prestation est divisée en deux parties : moitié « On through the night », moitié « High’n’dry ». Si la cohésion est parfois bousculée, et la voix d’Elliott à le limite de la fausseté, les musiciens présentent la fougue et l’enthousiasme d’un groupe au faîte de son sujet. Les deux bretteurs se renvoient les solos comme des tennismen la balle un jour de finale alors que la section rythmique accélère le beat un cran au-dessus des versions studio. Cerise (merci Judas Priest), la délicate position de « Guest » ne freine en rien l’intensité du raout tant le son “déchire”. Avoir vécu Def Leppard dans ce contexte explique le refus d’avoir à le vivre, assagi, dans un autre.

Dès 1981, le groupe signe-t-il son épitaphe : « Let it go » ? C’est à croire …

Let it go (live)

Thierry Dauge

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