THEM CROOKED VULTURES : Led Zeppelin, Queens of the Stone Age et Foo Fighters

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THEM CROOKED VULTURES – Réunion de vautours ?

THEM CROOKED VULTURES

En studio

THEM CROOKED VULTURES

Il fut un temps où les Supergroupes fleurissaient comme l’acné au printemps sur les joues des adolescents. Sous cette appellation se réunissent, généralement, des musiciens émérites ayant œuvré dans des combos dont la starisation s’est dégradée au fil du temps. Par cette résurgence, beaucoup cherche une nouvelle renommée au sein d’un nouveau collectif. Them Crooked Vultures, trio composé d’un Led Zeppelin, d’un Queens Of The Stone Age et d’un Foo Fighters est-il né de cette « cuisine » ? De ce fait, mérite-t-il le titre associé de : « bande de vautours » ? Au niveau de l’envergure, c’est indubitable. Pour ce qui est de la mauvaise foi et des commentaires cyniques assénés par certains cirrhotiques …

Lorsqu’on écoute l’unique album éponyme enregistré en 2009 par ces trois musiciens, on ne peut que s’ébaubir, réaliser à quel point le rock rend grâce à ceux qui lui dédient leurs vies.

THEM CROOKED VULTURES – Mind eraser no chaser

Dave Grohl : S’il portait seul l’héritage de Nirvana sur ses épaules, il s’en est émancipé très vite pour laisser place à ses propres influences, indéniablement pop et Beatles sur le dernier Lp en date de Foo Fighters : « Concrete and gold » (2016). Avec Them Crooked Vultures, son jeu fait preuve d’une inventivité qui lui ouvre l’accès au podium des 100 « meilleurs ». Au contraire des batteurs « binaires », type Phil Rudd le bûcheron d’AC/DC ou John Coghlan, le métronome de Status Quo, il adopte un accompagnement plus qu’une cadence, particularisme assimilable à Ian Paice de Deep Purple ou Keith Moon from The Who. Par son travail avec Them Crooked Vultures, Dave Grohl prouve qu’il est un musicien essentiel dans le paysage rock actuel.

No one loves me & neither do I

https://www.youtube.com/watch?v=M89qz4aWbBo

Josh Homme : Praticien es six cordes, son talent de guitariste est assez méconnu. Ses « desert sessions » sont souvent évoquées mais jamais ses qualités d’instrumentiste. Précisons que certaines des « maîtresses » électriques qu’il enlace disparaissent sous sa stature de croque mitaine. Présentant un look d’Elvis roux mâtiné Michael Madsen, Mr Blonde, le sadique terrifiant de « Reservoir Dog » (1992), il est impressionnant de décontraction. Avec Queens Of The Stone Age, la finesse de ses compositions, notamment sur « Like clockwork » (2013) puis « Villains » (2017), évoque le glam rock que pratiquait David Bowie au début des 70’s.

Sur ces deux albums, imaginer le défunt Ziggy au chant, n’a rien d’inconcevable, bien au contraire. Pour Them Crooked Vultures, sans idée de comparaison, il se montre aussi inspiré qu’un certain Jimmy Page, la structuration des partitions qu’il délivre témoignant de son sens du riff. Le rock est mort ? Pour se prouver le contraire, il n’est qu’à écouter les compositions de ce stakhanoviste.

THEM CROOKED VULTURES – Elephants

John Paul Jones : le génie des arrangements sévissant dans l’ombre de Page/Plant au sein de Led Zeppelin n’a rien perdu de son pouvoir. Comme lors de son glorieux passé, nulle part et partout à la fois, il développe une architecture musicale propice à l’assise de ses comparses. Lorsque sort « Them Crooked Vultures » (2009), même s’il mène une carrière de producteur plus que de musicien, il démontre que rien n’est jamais dû au hasard, que lorsque ça sonne et que ça tourne rond, c’est que les matelots affichent des compétences de capitaines de vaisseau. A l’occasion des grilles d’accords tarabiscotées élaborées par ce trio magique, la simplicité et l’éloquence du rendu plaide en faveur de cette métaphore.

New fang

Concentrer une telle somme d’égos en studio, où chacun peut enregistrer ses parties indépendamment des autres, est une chose mais en live ? On en a vu capable de saborder un show au prétexte que les autres leur faisaient de l’ombre ! Alors ? …

En concert

foo fighters

Le 8 juin 2010, rendez-vous est donné aux amateurs de rock en place publique : le Zénith de Paris. Les visiteurs sont à 75% « hardos », ces ressortissants aux cheveux long bardés de cuir et de clous, sans compter les patchs cousus ou tatoué à même la peau reprenant les logos de groupes ou artistes adulés. Poncifs aidant, le rassemblement se promet d’être bruyant, suite d’éructations tant de cervoise que de sueur malodorante. Étonnamment, pour celles et ceux qui donnent corps à ces idées reçues, ce soir-là, la « troupe » est plus attentive que démonstrative.

THEM CROOKED VULTURES – Scumbag blues (live)

Pour booster le son des morceaux, un deuxième guitariste est adjoint à Josh Homme. Comme il arrive également au chanteur de lâcher son instrument pour se concentrer sur ses cordes vocales, l’initiative est sensée. Sa voix suit l’abscisse d’une tonalité aiguë alors qu’au vu de son physique et des cigarettes qu’il glisse entre ses lèvres, façon James Dean, on lui prêterait d’avantage un timbre grave. Hormis ces constatations, on se doit d’avouer qu’il ne se passe pas grand-chose

A chaque fois où la Légende s’expose aux yeux et jugement d’autrui, il n’est pas rare que cet autrui adopte l’expectative en réponse. Du coup, le lien entre le groupe et le public semble distendu, loin du stage diving, du slam ou du pogo. En quasi admiration, chacun observe son musicien favori à la recherche d’une technique reproductible en chambre. Déception ? Non, tout juste privé « d’inoubliabilité ».

Spinning in daffodils (live)

Au final, cette soirée manque globalement de relief. Par contre, le qualificatif ne s’applique pas à la prestation de Dave Grohl notre Foo Fighters. Il prend possession des fûts d’une façon dominatrice, avec une frappe d’intensité monumentale qui évoque celle de John Bonham. Les aficionados qui ont vécu Nirvana dans ce même lieu mesurent l’ampleur de l’écart « avant / après ». La détermination que met Mr Foo Fighters dans son interprétation est dantesque. Sa surpuissance interpelle, sidère, surclasse la plupart des batteurs adeptes du genre. Pour situer le niveau, on peut citer Dave Lombardo de Slayer ou Matt Helders d’Arctic Monkeys, « l’éruptivité » de l’un associée à la facilité déconcertante le l’autre, le groove en fil rouge.

THEM CROOKED VULTURES – Gunman (live)

Au final, au risque de passer pour un « bobo », la performance musicale de Them Crooked Vultures ce soir-là vaut-elle qu’on se targue d’y avoir assisté ? A moins de manquer de jugement, affirmer le contraire serait mentir.

Thierry Dauge

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