David Lee ROTH – Diamond Dave
En studio
Hâbleur, bateleur, gouailleur, harangueur de foules, David Lee Roth (DLR) est le « ménestrel » des 80’s. A l’heure actuelle, l’animosité ou désamour dont on fait preuve à son égard apparaît sans fondement pour un homme qui n’a, de toute évidence, jamais cherché qu’à s’amuser. Peut-être s’est-il pris trop au sérieux alors que Van Halen, le groupe auquel on l’identifie systématiquement, tutoyait les cieux. Mais qui ne l’eut fait à sa place, le pouvoir et la gloire au creux des reins ? Il expose impudiquement son torse ? Bien avant lui, Robert Plant suivait le même schéma, ainsi que Bon Scott, sans que quiconque leur en fasse le reproche. Son lynchage public répond sans doute au proverbe : « Qui aime bien châtie bien ».
Après un début de carrière solo plus « acteur » que chanteur, CF « Crazy from the heat » (1985), il livre « Eat ‘em and smile » (1986) puis « Skycraper » (1988) entouré de ce qu’il est commun d’appeler des « pointures ». Jugez du « peu » : Steve Vai, Billy Sheehan et Gregg Bissonette, un ex Zappa, un quatre « cordiste-guitariste » et un batteur de jazz mercenaire à la technique irréprochable. En termes de comparaison, cette formation est-elle plus talentueuse que celle œuvrant sur « Van Halen » (1978), l’album fondateur ? La musique n’est pas faite que de talent. Dans une association de musiciens, « l’alchimie » joue un rôle déterminant, essentiel. Vérifié avec Edward, Michael et Alex, qu’en est-il avec ce gang de pistoleros ?
David Lee ROTH – Goin’ crazy
Dans « Skycraper », ils inventent le Big Rock Classieux : une musique aussi technique que musclée saupoudrée d’une pointe de rock progressif, d’un soupçon de rock expérimental. Moins heavy, moins hard que ce qu’il pratiquait jusque-là, un synthétiseur parfumant les morceaux, Diamond Dave nous gratifie néanmoins de sa signature : chanter sans mastiquer les notes, « balancer la sauce » et basta ! En studio, sa voix miaule comme elle feule, « champagnise » les morceaux de telle sorte qu’on se plait à l’imaginer live, sans filtre, seules restant la niaque et les « bulles ».
David Lee ROTH – Just like Paradise
En concert
Le 2 septembre 1988, Hollywood plante son décor sur la scène du Zénith de Paris, où comment un p’tit gas de l’Indiana émigré à Pasadena, au Nord-Ouest de Los Angeles, arrive en terre gauloise avec tout son barda. Trois musiciens l’accompagnent, des pros parmi les pros : Le virevoltant Steve Vai supporté par une fratrie rythmique, Matt et Gregg Bissonette.
Au centre de cet écrin « Vendôme », Diamond Dave luit de tout son éclat, cabotinant à satiété, porté par un public en adoration. La set list fait l’objet d’un équilibre parfait : trois tires du 1er Lp, quatre titre de Van Halen (et non des moindres : « Ain’t talkin’ ‘bout love », « Hot for teacher », « Panama » et « Jump »), Cinq titres de « Skycraper », cinq reprises dont trois de groupes qui comptent (Edgar Winter Group, Beach Boys et Kinks). Evidemment, « You really got me » en fait partie suivie de près par la chanson fétiche du Grand Escogriffe : « Just a gigolo ! », de Louis Prima.
David Lee ROTH – Ain’t talkin’ ’bout love (live)
Au deux tiers du spectacle, car c’en est un, tant au niveau de l’interprétation que du light show, survient ce qui peut paraître une incongruité : The sound of the Caribbean ! Tout droit venues de Trinité-et-Tobago, quatre steel drums sont installées sur le devant de la scène. Commence alors un concerto carillonnant à huit bras comme aucun concert dit de hard rock n’en a jamais connu et n’en connaîtra sans doute jamais ! Époustouflant ! Un « Yankee rose » tonitruant à souhait plus tard et Steve Vai part en vrille, exposant un savoir guitaristique pléthorique. Au bout du bout, « Jump » assoit un public ruisselant.
David Lee ROTH – Bottom line
Trois heures après la fermeture des portes du Zénith, une bande de types en spandex hante toujours les bars parisiens. Pas moyen d’aller se coucher, pas moyen de se calmer ! Une seule question taraude leurs esprits, une obsession assiège leur psyché : « Il revient quand ?! ». Ce sera en l’an 91, et nous y serons …
Thierry Dauge – Culturesco