Le ska dans tous ses états…
De « My boy Lollipop » au cinéma porno
Dans JAMAICA SESSION volumes 1 et 2 (des livres parus chez l’éditeur Camion Blanc : cliquer ICI et ICI), l’auteur Yannick Maréchal nous parle de la chanteuse MILLIE et de la divine Sylvia BAYO
Millie (et son « garçon sucette »!)…
Millicent Dolly May Small est née le 6 octobre 1946 à Milk River dans la paroisse de Clarendon, en Jamaïque. La jeune Millie Small, qui a onze frères et sœurs (elle est la plus jeune), part avec l’accord de ses parents Christopher et Elvie, pour vivre chez sa tante sur Rum Lane à Kingston (Downtown) à l’âge de douze ans. Là elle commence à participer aux nombreux concours de chant de la capitale dont le plus populaire est le Vere Johns Opportunity Hour. Au fur et à mesure elle se fait connaître et peu de temps après, à seize ans, elle commence à enregistrer de sa petite voix acidulée, si particulière, pour Coxsone Dodd, en duo avec le vétéran Roy Panton. Il s’ensuit une bonne quinzaine de titres
Un tube imparable, « My boy lollipop » (1964).
Une rumeur prétend que Rod Stewart joue de l’harmonica sur ce 45-tours. Ce que dément le principal intéressé… « à moins que j’ai été trop bourré pour pouvoir m’en souvenir », nuance-t-il. En réalité les soli d’harmonica sont de Jimmy Powell du groupe The 5 Dimensions. « My Boy Lollipop » est un titre de Barbie Gaye paru en 1956 sous le titre « My Girl Lolipop ». Ce succès international (repris en français par Agnès Loti sous le titre “C’est toi mon idole”) propulse Millie au rang de première superstar féminine jamaïquaine mondiale et elle est vite accaparée par les médias, surtout en Angleterre où elle réside depuis 1963 sous la tutelle de Chris Blackwell. Elle fait une tournée marathon de cinq mois à travers le monde et visite l’Australie, Hong Kong, le Japon, l’Amérique, l’Europe (elle passera par Paris) et l’Amérique du Sud. Elle eût même à l’époque, gloire suprême, son effigie de cire au musée de Madame Tussaud à Londres. Sa popularité fût telle que plusieurs titres lui furent dédiés au cours de sa carrière, « Millie Girl » par Owen Gray, « Millie Maw » par Stranger Cole et même de la Trinidad où Young Killer aka The Mighty Killer lui dédia « Millie Versus Killer » un titre de Calypso reprenant « My Boy Lollipop » sorti sur le label Telco en 1964.
https://www.youtube.com/watch?v=Zri1IsOwdfg
Millie ne parvint pas à retrouver le chemin des hit-parades, malgré un album en duo avec Jackie Edwards (Jamaïcain auteur des tubes « Keep on running » et « Somebody help me » de Spencer Davis Group) et un intéressant et culotté album en 1970 sur la pochette duquel elle posait nue, chevauchant une banane géante. Cet album, « Time will tell », créa une polémique pour ses prises de positions dans « White Boys », « Melting pot » et surtout « Enoch Powell » du nom d’un homme politique d’extrême droite très controversé après un discours de 1968, ayant déclaré que les problèmes d’immigration en Grande-Bretagne conduiraient à un bain de sang.
En 1971 elle se produit en Jamaïque au National Arena de Kingston puis elle s’installe à Singapour qu’elle quittera en 1973, pour s’installer définitivement à Londres avec sa fille Joan, dans le quartier jamaïquain de Brixton.
Au cours des années 70 et jusqu’au début des années 2010, on perd toute trace de Millie, même sa famille en Jamaïque ne l’a plus revue depuis quarante ans.
Sylvia BAYO alias Lucienne CAMILLE, estun modèle féminin originaire de la Trinidad (née le 2 décembre 1940). Orpheline dès l’âge de dix ans elle se démarque par sa beauté et l’utilisera pour se faire un nom.
Suivant ses débuts comme danseuse et stripteaseuse dans diverses boites de nuits, elle apparaîtra rapidement plusieurs fois dans la série TV Up Pompei entre1969 et 1971.
Elle est très en vogue dans le circuit des magazines de charmes (Mayfair, Exposure, Parade, Raven, King, Playmen et autre Fiesta), revues de strip-tease et autres ‘nudies’, sous divers pseudos comme Tina St John, Eva ou Lucienne. Elle joua également deux petits rôles dans les film de Pupi Avati, « La Mazurka Du Baro »n en 1975 et « Bordella » en 1976. On la trouve sur un nombre ahurissant de pochettes de disques de reggae, de funk et de soul des années 70.
Elle meurt à Londres en 2006 d’une terrible leucémie.