François de Roubaix – La Scoumoune (BO du film)
Né en 1939, mort en 1975, François de Roubaix a parsemé ses trente-six années d’existence d’une myriade de bandes originales de film ; allant jusqu’à en réaliser huit en 1971 ! Parmi les plus marquantes on identifie : Les Grandes gueules (1966) avec Bourvil et Lino Ventura, Boulevard du rhum (1971) avec Lino Ventura et Brigitte Bardot ou Le Vieux Fusil (1975) avec Philippe Noiret et Romy Schneider, trois films de Robert Enrico. Et puis il y a Le samouraï de JP Melville (1967) avec Alain Delon et… La Scoumoune (1972) de José Giovani avec Jean-Paul Belmondo, Michel Constantin et Claudia Cardinale.
La Scoumoune (thème principal)
Pour le thème principal de La Scoumoune, il avance par « touches », mixe progressivement partitions de synthétiseurs sur partitions de synthétiseurs, introduit une batterie pour le rythme, jusqu’à obtenir cet air qui colle au film comme le chewing-gum à la semelle.
François de Roubaix
Les diverses ambiances sises dans le film lui permettent de mixer les genres. Un ragtime jazzy, type cabaret, avec foisonnement de cuivres, solos de trompette, guitare manouche et batterie scalpée aux balais parcourent « Pigalle 1944 », « Avant-Guerre » adoptant un piano bastringue sur le mode bistro / saloon, soutenu par une basse élastique et une batterie jazz. Quant à « Intrusion des racketteurs noirs dans les maisons closes », on y retrouve le thème principal alternant avec des percussions de tablas, darboukas et djembés saupoudrées de luth.
Intrusion des racketteurs noirs dans les maisons closes
La Scoumoune narre l’histoire d’un trio. Bebel, Roberto, c’est la « Scoumoune », surnommé ainsi parce qu’il porte malheur à ses ennemis. Xavier, Michel Constantin, c’est l’ami de toujours, d’une amitié « à la vie, à la mort ». Georgia, Claudia Cardinale, c’est la sœur de Xavier et qui, à ce titre, est la protégée de Roberto. L’histoire se déroule à Marseille, entre 1935 et 1950, dans le milieu du grand banditisme où chacun cherche à enterrer l’autre. Au milieu de cette dramaturgie, Bebel « méchant » au grand cœur, passe son temps à dézinguer les malfaisants. Ce faisant, son regard évoque un ailleurs…
A cet égard, même sur les airs musicaux les plus enjoués, il flotte comme un sentiment de nostalgie, des fragrances érodées se raccrochant au vécu.
La Scoumoune – Avant Guerre
De fait, quel que soit le film pour lequel il ait œuvré, François de Roubaix trempe ses partitions dans l’eau du thé, propos sépia épris de nostalgie.
Disparu à Tenerife dans un « accident » de plongée, vivait-il lui-même quelque part entre le présent et le passé ? Auquel cas recherchait-il le sens de sa vie ? l’a-t-il trouvé dans l’immensité, le calme absolu de la Grande Bleue ? Était-il habité par un vide insondable que seul l’abyssal azur Méditerranéen pouvait combler ? Sa musique évoque cela. Jouer quelques-unes de ses notes suffit à identifier les films qui les portent. Les grands compositeurs détiennent ce pouvoir-là.
Thierry Dauge
