Dolly – Hello, Dolly !
Avec ce patronyme, l’histoire du groupe peut être envisagée comme une comédie musicale dont la fin, à l’aune des événements, présenterait un visage dramatique.
En studio
Dolly aurait pu s’appeler « Petit Lu », autre célébrité nantaise, s’il n’avait été une formation de rock à tendance « Nu ». « Noooon !!! Dolly ne pratique en rien le Nu Metal ! ». Pourtant, le son des guitares qui labourent les « 0 » et les « 1 » numérisés sur le premier CD éponyme, l’album aux cheveux macarons, explose l’auditeur. Énorme, titanesque, tant de saturation que de puissance, lorsqu’il fait feu au détour d’un refrain, il tranche dans les chairs. Factuelle, la musicalité de Dolly est plus proche des amplis de Deftones que de ceux d’Oasis. Nonobstant, sur certains titres, ou bien mixé aux assauts tumultueux d‘un ouragan, une bise nommée Smashing Pumpkins embue la surface des tympans, celui du triple « Mellon collie and infinite sadness » (1979).
DOLLY – J’attends
Le premier Lp de Dolly (1997) recherche donc le pneumothorax, l’œdème aigu du poumon ou l’embolie pulmonaire : l’écouter coupe le souffle. Tout après ce postulat énervé, les choses prennent peu à peu un chemin plus rock : « Un jour de rêves » (1999), « Plein air » (2002) , jusqu’à adopter des poses éthérées sur « Tous des stars » (2004). La constante de ces quatre albums réside dans les saillies guitaristiques servies à bon escient, entre les intros sans filtre et les « apaisances » chantées. C’est que Manu, présence féminine du combo, ne force jamais sa voix, susurrant d’une approche quasi enfantine les plus âpres déferlantes.
Parfaite pour toi
Si cligner des yeux dans le brouillard n’a jamais rendu la vue, chausser un sonotone n’améliore rien non plus. On peut entendre sans pour autant comprendre ou saisir la plume bleue sous une enclume de poésie. Des samples et des synthétismes musicaux mêlent alors leurs nudités froides aux instruments du réel, des cordes et des peaux. Admirablement mixés, les disques n’en abondent pas, les chansons filtrant avec intelligence chacun des ingrédients. Nonobstant, le succès un temps venu repart avec la marée, vague de sollicitations sonores radiodiffusées.
DOLLY – Comment taire
Si la présence des guitares muscle les morceaux, la qualité de la production également. Des quatre propositions « Cd-ifiées » réparties sur sept années, aucune n’affiche de faiblesses en matière de son. La production assurée par l’anglais Clive Martin, « sonorisateur » éclectique ayant côtoyé Queen, Youssou N’dour, David Byrne, Silmarils ou, encore, les Négresses Vertes, donne l’assurance, chez Dolly, d’un dynamisme » percussif « . Puissance et clarté qualifient, « remarquable » glorifie.
Tous des stars
Mais au-delà des studios, le vrai métier des quatre associés fut de se produire sur scène, de servir vivantes leurs compositions à celles et ceux qui les voulaient crus.
En concert
Ce soir-là, le 2 décembre 2004, au Plan, à Ris Orangis, 1 rue Rory Gallagher, la salle est pleine. Pleine de joie, pleine d’énergie. Malgré les désagréments des transports pour parvenir jusque-là un soir d’affluence, l’ambiance est décontractée, souriante, offerte et prête à recevoir son hôte. La configuration de la scène facilitant le corps à corps avec les musiciens, il en sera ainsi.
Dolly assure un show d’autant plus chaud que Molière favorise la circulation des messages. Les chansons défilent, commentées par Manu, rythmées par Thierry Lacroix et Micka, « guitarisées » par Nicolas Bonnière : un groupe idéalement équilibré.
Un jour de rêves (live)
https://www.youtube.com/watch?v=92fPMnz1NXs
Même si le souvenir ne trône pas, inusable, au sommet des sorties « décibellisées » du chroniqueur, il persiste une sensation de communion, peut-être, quoi qu’en dise la chanson : un soupçon trop sage.
Avec le recul, en se remémorant cette soirée, on ne peut faire abstraction de la morbide actualité qui touchera le groupe cinq mois plus tard. Micka, son bassiste, membre fondateur, disparaît dans un accident de voiture.
Exit les albums et les concerts : « Adieu Dolly ».
Nous aurions espéré continuer à ne pas être sage avec toi.
DOLLY – Je n’veux pas rester sage (live)
https://www.youtube.com/watch?v=YK1qYgOK0sc
Thierry Dauge