SEX PISTOLS : La grande escroquerie du Rock’n’Roll?

0
10496
POP CULTURE RADIO La Culture POP a enfin trouvé sa RADIO !
Genres : radio
La culture se partage !

Histoire d’une épopée Punk

La grande escroquerie du Rock’n’Roll? Vraiment ???

Johnny Rotten sex pistols grande escroquerie du rock'n'roll
Grande escroquerie du rock’n’roll ? Vraiment ?

L’histoire des Pistols commence en 1971 lorsque trois copains d’école décident de monter un groupe pour faire comme leurs idoles The Who, Small Faces, Stooges et MC5. Steve Jones, Paul Cook et Warwick « Wally » Nightingale ne savent pas jouer et vont apprendre sur le tas. Jones, le bad boy du lot, vole guitares, basses et micros partout où il peut. Notamment à l’Hammersmith Odeon la veille d’un concert de David Bowie.

A la même époque, Cook et Jones commencent à fréquenter « Let It Rock », une petite boutique de Kings Road qui vend des fringues pour rockers. Le shop est tenu par un couple excentrique : Malcolm McLaren et Vivienne Westwood.

Les débuts chaotiques :

A l’été 1973, après avoir essayé divers musiciens aux claviers, saxo et autre, l’ossature du groupe est presque trouvée. Jones est chanteur guitariste, Wally, guitariste « lead » et Cook, batteur. Le trio se baptise The Strand, du nom d’une chanson de Roxy Music.
Un samedi après-midi, Jones est à la boutique et demande à McLaren s’il veut manager son groupe et s’il connaît un bassiste. Glen Matlock, vendeur occasionnel, se joint à la conversation et propose ses services pour la basse. Il en joue depuis déjà quelques années et va beaucoup apporter au groupe.

Pour le management, en revanche, il faudra attendre car McLaren n’est pas intéressé. Après une répétition dans la chambre de Wally, Matlock est engagé. Steve Jones a appris les bases de la guitare à l’oreille, Matlock le fait progresser en lui montrant quelques astuces simples pour les power chords et les riffs efficaces que l’on retrouve dans les chansons des Pistols.

The Strand, puis The Swankers

Au cours de l’année suivante, The Strand devient The Swankers et donne son premier concert à l’étage d’un pub. Le répertoire comprend No Fun des Stooges,  Substitute des Who, Whatcha Gonna Do About It ? des Small Faces, ainsi que deux compositions, «Scarface» et «Did You No Wrong» (qui deviendra la face B du single God Save The Queen). De leur côté, McLaren et Westwood ont rebaptisé leur boutique, de « Let It Rock » elle est devenue « Too Fast To Live, Too Young To Die » puis « Sex ». On y trouve désormais accessoires pour fétichistes et t-shirts faits maison avec slogans provocateurs.

1975, McLaren s’occupe des futurs Sex Pistols

let it rock malcom mclaren

1975, après avoir managé les New York Dolls durant quelques mois seulement, McLaren est de retour à Londres. Il accepte finalement de s’occuper des Swankers qui changent encore de nom. Ils deviennent alors QT Jones & the Sex Pistols, puis simplement Sex Pistols, en lien avec le nom de la boutique et pour aller à contre-courant de l’esprit flower-power, « pistil » devenant « pistol ». Wally est viré et Jones devient guitariste à plein temps. Le journaliste Nick Kent du NME est recruté comme deuxième guitariste par McLaren. De courte durée, il se fait dégager par le groupe après quelques répétitions, trop pénible et toujours défoncé.

Durant le séjour américain de McLaren, son ami Bernie Rhodes (futur manager de Clash) et Steve Jones ont repéré John Lydon, un jeune client bizarre qui vient au magasin pour flâner plus que pour acheter. Visuellement hors-norme, il pourrait faire office de chanteur. Après discussion avec la manager, il est auditionné et engagé. Lydon devient « Rotten », surnom trouvé par Steve Jones à cause de sa dentition pourrie et de son attitude méprisante. Les répétitions reprennent et Rotten va très vite changer les choses. Son look est totalement décalé du reste du groupe, cheveux oranges en pétard, bottes repeintes en vert pomme, t-shirt « I Hate Pink Floyd » et chemises avec slogans anarchistes.

Pour en savoir plus sur l’histoire de Malcolm McLaren

McLaren et Rotten…

De l’aveu de certains témoins de l’époque, McLaren n’apprécie pas beaucoup le personnage car il vient parasiter ses projets. Son idée en rentrant de New York était d’apporter de la nouveauté basée sur le look de Richard Hell, t-shirt déchiré et cheveux en pétard. Lydon a un coup d’avance et McLaren va désormais tout faire pour expliquer au monde que ce style vient de Hell, de New York, et donc de lui. Il affirmera ensuite avoir recruté Lydon… (interview retranscrite dans le livre de Steve Jones).

Outre son look proto-punk, Rotten a également un état d’esprit différent des autres. Il modifie les paroles de certaines chansons comme par exemple la reprise des Small Faces qui commence désormais par « Want you to know that I HATE you baby, want you to know I DON’T CARE » au lieu de «Want you to know that I LOVE you baby, want you to know that I CARE ».

Idem pour « Did You No Wrong ». Le titre évoque maintenant la vie d’un garçon pratiquant le plaisir solitaire… Lydon a horreur des chansons d’amour et de l’amour en général. Il a une colère en lui, envers l’école, l’église, la société, et il va le faire savoir. Matlock n’apprécie pas trop mais il s’adapte. Il organise même le premier concert, le 6 Novembre 1975 dans son école, la Saint Martin’s School of Art de Londres.

Sex Pistols : Février 1976

Après la tournée des universités, les Pistols font la première partie d’Eddie & The Hot Rods au Marquee. Le concert est chaotique, les spectateurs les insultent, leurs reprochent de ne pas savoir jouer et leur demandent de partir. Rotten jette de l’huile sur le feu! Il descend alors dans le public avec son micro, regarde la scène et lance :

«Quel groupe fabuleux, j’ai toujours rêvé de le voir sur scène».

Des chaises volent, le journaliste du NME Neil Spencer est dans la salle et prend une telle claque qu’il leur consacre un article sans un mot sur les Hot Rods. Deux ados de Manchester le lisent et décident d’aller voir sur place ce que valent ces Sex Pistols. Peter McNeish et Howard Trafford appellent le NME qui leur donne les coordonnées de McLaren. Ils assistent à deux concerts dans la banlieue de Londres et repartent avec l’idée de former un groupe pour faire la même musique! Howard devient Devoto, Pete devient Shelley, les Buzzcocks sont nés. Ils invitent ensuite les Pistols à jouer à Manchester en Juin et Juillet, au Lesser Free Trade Hall.

De là naissent des vocations, des labels, des groupes et tout ce que la scène locale a connu de punk et d’after-punk à la fin des 70’s, Joy Division, The Fall, Factory records, etc.

Au mois d’avril, première partie des 101’ers au Nashville Rooms de Londres.

Le chanteur guitariste John Mellor en prend plein les yeux et plein les oreilles. Pour lui, l’avenir est ailleurs. Fini le pub-rock, il forme The Clash avec Mick Jones et Paul Simonon et devient Joe Strummer.

A lire également : Les débuts de The Clash

Le mois suivant, les Pistols enregistrent leur première démo 3 titres au Majestic Studios avec Chris Spedding comme producteur. Il voit de suite que le groupe n’est pas à l’aise et lui demande de jouer afin qu’il puisse régler le matériel. Prétexte pour enregistrer « live » sans que les Pistols s’en aperçoivent afin de leur enlever la pression. La démo terminée, elle est envoyée aux journalistes de Sounds, Melody Maker, et NME qui l’accueillent très favorablement. Une seconde session a lieu en Juillet avec Dave Goodman, le sonorisateur des concerts, cette fois dans le local de répétition de Denmark Street. Certains titres figurent sur le bootleg Spunk.

Les SexPistols et les contrats de Mc Laren…

Après avoir fondé Glitterbest pour manager officiellement le groupe, McLaren fait signer les contrats à la va-vite lors de la première soirée « Punk Special » au 100 Club, le 20 septembre 1976. Les Pistols ne lisent rien, pris dans le feu de l’action, et se font rouler. Le contrat stipule que le manager a tous les droits sur le nom du groupe, le pseudo Rotten, les titres enregistrés, y compris les paroles. Il se fera d’ailleurs un plaisir de raconter à qui veut bien l’écouter qu’il a écrit la plupart des textes, ce qui est faux. Il faudra attendre un procès débuté fin 70 pour que le groupe reprenne ses droits et le manager les perde en totalité.

Après la signature avec EMI en octobre, la tournée Anarchy in the UK doit débuter le 3 décembre. Dix neuf dates sont prévues et quatre groupes sont à l’affiche, The Clash, Damned, Johnny Thunders & The Heartbreakers et les Sex Pistols. Dans l’après-midi du 1er Décembre, la chaîne de télévision Thames s’apprête à interviewer le groupe Queen, également au catalogue d’EMI. Malheureusement, Freddie Mercury est mal en point et la maison de disque doit proposer un autre groupe, ce sera les Sex Pistols qui viennent de sortir leur premier single, « Anarchy in the UK »

Sex Pistols : Anarchy in the UK

Le présentateur Bill Grundy n’apprécie pas de les recevoir sur son plateau à la dernière minute car il va devoir refaire toutes ses fiches, mais il n’a pas le choix. De plus, il les a vu à l’émission Nationwide en Novembre. Il les déteste et va les passer au lance-flammes. Alors que McLaren s’empresse d’appeler les journaux, une limousine passe récupérer les Pistols qui répètent au Roxy pour la tournée « Anarchy In The UK». Pour les faire patienter, on les installe dans un salon, avec de l’alcool à leur disposition…. Erreur.

L’émission est en direct et c’est un désastre pour tout le monde.

Grundy, imbibé au whisky comme à son habitude, décide de se payer la tête des musiciens et de leurs amis venus les soutenir. Steve Jones est le plus bourré de tous. Il finit par insulter le présentateur qui l’incite à poursuivre.

Le bilan est catastrophique, le manager fuit les studios avec ses poulains et leurs fans avant l’arrivée de la presse et de la police! (Dire FUCK à la TV anglaise à cette époque est puni par la loi). Le lendemain Grundy est suspendu d’antenne pendant 15 jours et les Sex Pistols sont à la une de tous les journaux. McLaren est retrouvé hébété par sa secrétaire dans les bureaux de Glitterbest. (Lire à ce sujet son journal personnel dans « l’histoire intérieure » de Fred et Judy Vermorel).

Il prétendra plus tard avoir tout orchestré mais la réalité est tout autre, et elle va le rattraper. Les salles des concerts à venir ferment leurs portes aux quatre groupes. La tournée “Anarchy” passe de 19 dates à 3, puis 7, et Glitterbest perd £10,000, tandis que les patrons d’EMI commencent à se demander s’ils n’ont pas fait une erreur en signant ce groupe.

Sex Pistols – Bill Grundy Tv Show

Cinq jours après l’incident télévisé, c’est McLaren qui prend la parole face aux caméras, avant le concert de Leeds, tandis que le groupe reste en retrait. Une précaution surprenante de la part d’un homme qui aurait orchestré le scandale chez Bill Grundy…

Malcom Mc Laren

Début janvier 77, un autre problème survient. Alors qu’il s’apprête à partir aux Pays-Bas pour quelques dates, le groupe saccage le hall de l’aéroport d’Heathrow! Insultes des passagers et vomit dans des pots de fleurs… Les journaux à scandale s’en donnent à cœur joie. Ils ont même le témoignage de diverses personnes qui racontent, sous anonymat afin d’éviter les représailles, ce qui s’est réellement passé.

Aéroport d’Heathrow, histoire d’un coup monté ?

Sauf que ce jour-là, les Pistols sont très en retard et EMI envoie un chauffeur les récupérer à l’appartement qu’ils se partagent au 6 Denmark Street. Ils sont accompagnés d’un responsable de la maison de disque qui a prévenu l’aéroport. Ils ne passent pas l’enregistrement des bagages et ne mettent pas les pieds dans le hall! La voiture les amène directement sur le tarmac pour prendre leur avion! Tout ce que relatent les journaux est faux, il n’y a jamais eu de problème à Heathrow. Pourtant, cette mauvaise publicité, ajoutée au scandale chez Grundy, à l’échec de la tournée de Décembre et au fait que le disque ne se vend pas pousse EMI à rompre son contrat.

McLaren récupère légalement un chèque de £30,000 qui lui est dû par contrat. Le même mois, Glen Matlock se fait virer, il est remplacé par un ami d’enfance de John “Rotten” Lydon, Sid Vicious. Celui-ci a déjà joué dans deux groupes, Flowers Of Romance et Siouxsie & The Banshees.

Johnny Rotten sex pistols

Sid Vicious et les Sex Pistols

Jouer, si l’on peut dire car Sid n’est pas musicien. Disons qu’il a bricolé avec le premier groupe et frappé fort sur une batterie lors du festival punk au 100 Club avec le second. Cela ne va pas l’empêcher d’apprendre les rudiments de la basse et de bien s’en tirer contrairement à la légende qui veut qu’il n’ait jamais jouer ni en studio, ni en concert avec le groupe.

Avec A&M, signature et rupture…

Début Mars, signature avec A&M qui rompt son contrat au bout de 15 jours. Les employés de l’usine CBS qui fabriquent le nouveau 45 tours, God Save The Queen ont écouté les paroles et menacent de se mettre en grève si le disque sort. De plus, le présentateur TV Bob Harris se fait embrouiller par Sid Vicious et Jah Wobble (futur bassiste de PiL) dans une boîte de nuit. A&M ne veut pas d’ennui et se sépare des Pistols.

McLaren récupère un nouveau chèque à titre de dédommagement et le groupe se retrouve à nouveau sans maison de disque. Les sommes remises par EMI et A&M dépasseraient les £100,000. Les Pistols sont mal payés et Glitterbest occupe toujours de petits bureaux minables non loin de la boutique Sex. Quid de l’argent ? Il se raconte qu’il a été dépensé en grande partie dans le projet de film avec Russ Meyer, Who Killed Bambi ?, que Temple terminera en 1979 sous le titre The Great Rock’N’Roll Swindle.

Interdits de concert en Angleterre, les Pistols partent quelques jours à Berlin pour se détacher de la mauvaise ambiance locale. Là-bas, Rotten est impressionné par la séparation du pays, le mur et l’univers fermé qui se trouve derrière. Cela lui inspire une des dernières chansons du répertoire, Holidays In The Sun, dans laquelle le bloc communiste est comparé au camp nazi Bergen Belsen, libéré par l’armée anglaise en 1944.

Sex Pistols – Holidays in the Sun

De retour à Londres, les choses n’ont pas changé. McLaren a tout le mal du monde à trouver une nouvelle maison de disques. Toutes les majors ont leurs groupes et ne veulent prendre aucun risque avec les Pistols. Polydor qui avait payé des heures de studio en 1976, pensant les récupérer, claque la porte au nez du manager. Il ne lui reste plus qu’une seule option, Virgin Records. Il ne veut pas, ce tout petit label est d’après lui géré par une bande de hippies et son groupe n’a rien à faire avec.

Sauf qu’il n’a pas trop le choix et le contrat avec Virgin est signé en Mai. Suivent la sortie du single “God Save The Queen” et un concert sur la Tamise organisé par Richard Branson, le boss du label et Glitterbest. L’événement se termine mal, la police intervient. Des personnes sont arrêtées, dont McLaren, sa femme et quelques fans.

God Save the Queen

Toujours interdits de concert, les Sex Pistols menacent de se séparer si les choses ne changent pas. Tandis qu’il s’apprête à s’envoler pour les USA afin d’y rencontrer Russ Meyer, McLaren demande à sa secrétaire d’organiser une tournée en Scandinavie. Elle est mise en place rapidement et débute mi-juillet au Danemark. De son côté, Branson s’arrange avec les Pistols pour que la vidéo du nouveau single, Pretty Vacant, soit diffusée à Top Of The Pops, contre l’avis du manager parti aux States.

Sex Pistols – Pretty Vacant

En Août, toujours dans l’impossibilité de jouer officiellement dans leur pays, les Pistols vont toutefois réussir à y faire quelques concerts sous des noms d’emprunt. Le but étant de lâcher l’info au dernier moment, par le biais des radios, par exemple. La tournée SPOTS (Sex Pistols On Tour Secretly) comprend 5 dates. Ils jouent tour à tour sous le nom de Spots, Hamsters, et Tax Exiles. A chaque fois, au dernier moment, les gens apprennent qu’il s’agit des Pistols. Les salles se remplissent et finalement, tout se passe bien, comme en témoigne la vidéo du concert de Penzance du 1er Septembre. (Vidéo depuis supprimée sur Youtube … ).

L’album Never Mind The Bollocks Here’s The Sex Pistols des SEX PISTOLS sort finalement en Octobre

Mais Non sans incident puisque le mot « Bollocks » (couilles) dérange! L’affaire est jugée par un tribunal qui conclue qu’à la tournure du titre, il s’agit d’un mot venant du vieil anglais, équivalent à “Nonsense” (absurdité, idioties, etc). Retour en rayon pour le disque qui finalement se vend plutôt bien.

Fin 77, les Pistols partent en tournée en Hollande puis reviennent jouer en Angleterre, tout à fait légalement cette fois. Les choses se sont arrangées du fait du jugement du tribunal dans l’affaire « Bollocks » et de l’absence de scandale. Pour Noël, le groupe joue à Huddersfield, en soutien aux pompiers en grève. L’après-midi, les Pistols donnent un premier concert gratuitement pour les enfants des grèvistes. On y offre, gâteaux, disques, T-shirts, badges etc. . Le groupe passe un moment fantastique d’après le témoignage de Rotten lui-même.

Sex Pistols – Bodies

La tournée US débute le 5 Janvier de l’année suivante, à Atlanta

Elle aurait dû commencer plus tôt, des dates étaient prévues à partir du 29 Décembre dans des villes du nord, dont Chicago et Cleveland, mais pour des problèmes de visas délivrés en retard, ces concerts sont annulés. La tournée est une catastrophe et les tensions se font sentir. Rotten ne parle plus à personne ou presque, Cook et Jones voyagent à part et Sid Vicious devient fou, loin de sa copine Nancy restée en Angleterre et de l’héroïne dont son manager l’écarte.

A Memphis, il se mutile au couteau et finit avec une vilaine blessure au bras. A San Antonio, il frappe un spectateur avec sa basse. Et à Dallas, c’est lui qui reçoit un coup au visage, ce qui lui vaut de finir le concert avec le nez en sang. Le concert de San Francisco est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, la sono est mauvaise, Rotten ne s’entend pas et se plaint des retours. La salle est trop grande, l’événement démesuré par rapport à ce que les Pistols ont l’habitude de faire.

Le départ de Johnny Rotten

McLaren a organisé un séjour à Rio avec Cook et Jones pour les besoins du film Who Killed Bambi ?. Les deux Pistols doivent y rencontrer l’ancien gangster Ronald Biggs, un des auteurs de l’attaque du train postal Glasgow Londres de 1963. Biggs vit en exil, il ne peut pas sortir du pays. Du coup ce sont les deux autres qui viennent à lui pour enregistrer deux chansons et une vidéo. Vicious et Rotten ne sont pas au courant et l’apprennent le lendemain du concert au Winterland. Rotten veut des explications qu’il n’obtient pas et claque la porte.

Fini pour lui, s’en est trop, les Pistols sont du passé, il rentre en Angleterre et va former Public Image Limited (PiL) quelques mois plus tard.

Et pour Sid Vicious…

Sid quant à lui fait une overdose d’alcool et de médicaments dans l’avion qui le ramène au pays. Il se fait soigner à New York avant de retrouver sa petite amie Nancy à Londres. McLaren n’a pas prévu le départ de Rotten puisqu’une tournée européenne est déjà sur pied. Elle doit débuter juste après Rio, le 18 Janvier, à Helsinki pour se terminer en Février aux Abattoirs de La Villette à Paris. Mais voilà, Rotten est parti. Sid Vicious est camé jusqu’à la moelle… Et Cook et Jones ne veulent plus se prendre la tête. Pour eux, c’est sex drugs & rock n’roll, rien d’autre.

Ils acceptent des rôles dans le film de leur manager et composent pour de nouveaux singles. La presse accueille très mal les deux titres avec Biggs. (Il faut dire que les paroles sont assez débiles. Il y est question de nazis en fuite en Amérique du Sud, de juifs qu’on tue dans les camps de concentration etc). Sid Vicious a également un rôle. On le voit, totalement défoncé, se promener à Paris avec un t-shirt à croix gammée et chanter My Way au théâtre de l’empire qui passe pour l’Olympia pour les besoins du film. Il enregistre également la version studio du titre lors de ce séjour parisien, au printemps 78, soit quelques semaines après la mort de Claude François… Hommage punk, en quelques sortes.

A lire également : My Way, de Claude Francois à Sid Vicious

A 21 ans, Vicious est en fin de course. Too much, too soon.

Après la France, il rentre à Londres, fait un concert à l’Electric Ballroom au mois d’Août avec ses copains, Glen Matlock (pas rancunier) et Steve New des Rich Kids ainsi que Rat Scabies des Damned. En Septembre, il s’envole avec Nancy pour New York et ne remettra plus les pieds en Angleterre.

Après une série de concerts au Max’s Kansas City accompagné de Jerry Nolan, Steve Dior, Arthur Kane, Mick Jones ou Chris Spedding selon les soirs, Sid Vicious doit normalement jouer à Boston. Nancy le manage, s’occupe de lui fournir l’héroïne… Tous les deux vivent de plus en plus comme de minables junkies. Ils occupent alors une chambre à l’hôtel Chelsea, fréquentée par des artistes, des drogués et des dealers. Leur vie ne tourne qu’autours de l’héro, Nancy ferait même des passes pour en acheter, d’après certaines rumeurs.

sex pistols the clash sid vivious grande escroquerie du rock'n'roll
Nancy Spungen – Sid Vicious – Jerry Nolan (New York Dolls – Heartbreakers) – Steve Dior – Arthut “killer” Kane (New York Dolls) – Mick Jones (The Clash) – Photo prise en coulisses à l’Electric Ballroom en août 78

Décès de Nancy Spungen

Le 12 octobre, Sid Vicious la retrouve sans vie dans la salle de bain de leur chambre, tuée avec le couteau de Sid. Lui ne se souvient de rien. On l’arrête et l’incarcère avant de le libérer. McLaren paye la caution tandis que Mick Jagger finance les frais d’avocat. Malheureusement, le 2 février, après une fête pour célébrer sa sortie, on retrouve l’ex-Pistol mort d’une overdose d’héroïne… drogue procurée par sa mère.

Personne ne sait qui a tué Nancy Spungen. Certains locataires du Chelsea Hotel affirment avoir vu le couple et un homme entrer dans leur chambre, la veille au soir. Des soupçons se tournent vers des dealers, mais les autorités classent rapidement l’affaire.

sid vicious et nancy spungen grande escroquerie du rock'n'roll
Sid et Nancy

The Great Rock N’Roll Swindle, l’histoire des SEX PISTOLS… selon McLaren

McLaren modifie le scénario du film. Il tourne des scènes supplémentaires avec Julian Temple, et change le titre qui devient The Great Rock’N’Roll Swindle. (La Grande Escroquerie Du Rock’N’Roll). Une fable toute à sa gloire dans laquelle ce qui est faux doit paraître vrai, selon les dires de Temple lui-même. Une histoire en dix leçons que beaucoup vont prendre pour argent comptant. Une “fable” qui explique comment créer un groupe avec des gens qui ne savent pas jouer, escroquer les maisons de disques, susciter le manque en empêchant les concerts et les sorties de disques, etc.

Une histoire que McLaren finit par croire dur comme fer, et qu’il n’aura aucun mal à faire avaler à une partie des médias et du public. Temple témoigne à ce sujet dans la nouvelle version de “L’histoire intérieure”, le livre de Fred et Judy Vermorel sorti en 2011.

Après avoir perdu tous les droits sur le groupe, McLaren s’occupe de Bow Wow Wow. Il sort ensuite quelques disques en solo, sans grand succès. Il décède en 2010 d’un cancer des poumons.

Reformation des Sex Pistols

En 1996, les Sex Pistols se reforment pour l’argent et ne s’en cachent pas. Il suscitent la colère de certains fans ultra-conservateurs et d’ayatollahs du rock. Une tournée mondiale a lieu, elle passe par Paris le 4 Juillet. En parallèle, Steve Jones forme les excellents Neurotic Outsiders avec des potes de Los Angeles.

Il y aura de nouvelles reformations. En 2002, 2003, 2007 et 2008, mais il semble aujourd’hui certain que ce soit fini. Lydon a remonté Public Image Ltd. Jones anime une émission de radio à Los Angeles. Cook joue avec les Professionals (sans Jones). Quant à Matlock, il mène une carrière solo, sort des disques et partage la scène depuis dix ans avec des musiciens tels que Sylvain Sylvain (New York Dolls), Slim Jim Phantom (Stray Cats), Earl Slick (Bowie, N.Y.Dolls etc) ou encore Chris Spedding avec qui il avait enregistré sa première démo en 1976.

Boucle bouclée… The end.

Fernand NAUDIN

A lire également :

Did you enjoy this article?
Inscrivez-vous afin de recevoir par email nos nouveaux articles ainsi qu'un contenu Premium.

Laisser un commentaire